Pour convaincre les moins motivés des Américains à se faire vacciner, les Etats-Unis ont recours à des loteries et des récompenses en tous genres. Incitation de l'autre côté de l'Atlantique donc, et coercition de notre côté ? En tout cas, l'Académie de médecine a remis le couvert mercredi pour faire de la vaccination anti-Covid une obligation. Le débat est relancé, même si la position du gouvernement reste ferme en la matière.
"La vaccination obligatoire, ce n’est pas un gros mot", plaide sur Europe 1 Yves Buisson, épidémiologiste et membre de l’Académie de médecine. "On a des vaccins obligatoires, déjà. On en a eu plein par le passé, on en a encore maintenant. Ce sera le seul moyen de parvenir au degré d’immunité collective qui, seul, nous permettra de contrôler l’épidémie. Donc que faire ? Soit on reste les bras croisés avec nos vaccins qui s’entassent dans les réfrigérateurs, soit on vaccine en rendant la vaccination obligatoire."
Plus de pénurie et la crainte des réticences
L'Académie de médecine avance essentiellement deux raisons : d’abord, il n'y a plus de pénurie de vaccin. Nous avons les doses nécessaires, désormais, pour proposer la vaccination à tous les adultes. Et nous attendons la livraison 32 millions de doses au total sur le mois de juin.
Et ensuite parce que selon l'Académie, le dynamisme de la campagne vaccinale risque de se heurter dans les semaines qui viennent aux réticences de certains, qui hésitent à se faire vacciner. L'instance redoute que l'on plafonne bien en dessous des 90% d'adultes ou 80% de Français vaccinés, qui serait le niveau nécessaire pour atteindre l'immunité collective.
Pas du tout la ligne du gouvernement
Pour autant, les chances que l’Académie de médecine soit entendue sont minces. Car contraindre les Français à se faire vacciner, ce n’est pas du tout la position du gouvernement jusqu'ici. Depuis le début, la campagne vaccinale est basée sur le principe du volontariat, même pour le personnel soignant.
D'autant qu'à ce stade, l'intérêt pour le vaccin est plutôt bon. Contrairement à l'Académie de médecine, le professeur Alain Fischer, qui conseille le gouvernement, estime que pas loin de 80% des Français sont prêts à recevoir un vaccin, ce qui est supérieur à l'adhésion de l'année dernière. Enfin, on peut ajouter que, dans le monde, aucun pays n'a jusqu'ici contraint ses citoyens à se faire vacciner.