L'Agence du médicament ANSM a annoncé jeudi la mise en place d'un numéro vert pour "répondre aux interrogations" des patients traités par Androcur, médicament qui augmente le risque de certaines tumeurs en cas de traitement long et à hautes doses.
Les patients invités à consulter leurs médecins. "Ce numéro (0 805 04 01 10) est accessible gratuitement du lundi au vendredi de 9h à 19h", a indiqué l'ANSM dans un communiqué.
Elle invite également les patients "à consulter leur médecin, sans urgence, pour discuter de l'intérêt de la poursuite de leur traitement et évaluer la réalisation d'éventuels examens complémentaires".
L'acétate de cyprotérone, nom générique de l'Androcur (laboratoire Bayer), est un médicament qui bloque l'activité des hormones mâles. Il est indiqué chez la femme dans le traitement de certaines maladies hormonales qui se manifestent par une augmentation du système pileux (hirsutisme). Mais il est parfois prescrit dans des cas qui ne correspondent pas à son autorisation de mise sur le marché (AMM), pour traiter l'endométriose ou l'acné.
Chez l'homme, il est préconisé dans certaines formes de cancer de la prostate. Il est également donné à des personnes transgenres afin de diminuer les hormones mâles.
L'Androcur multiplie par 7 le risque de méningiomes chez les femmes traitées plus de 6 mois. On sait depuis 2009 que l'Androcur augmente le risque de développer des méningiomes, une tumeur au cerveau le plus souvent bénigne. Mais une étude de l'ANSM et de l'Assurance maladie publiée fin août, et ne portant que sur des femmes, a quantifié ce risque pour la première fois : il est multiplié par 7 pour les patientes traitées par de fortes doses plus de 6 mois et par 20 après 5 années de traitement.
Le 1er octobre, l'ANSM réunira pour la deuxième fois un comité d'experts indépendants, pour redéfinir les modalités d'utilisation de l'Androcur et de ses génériques (indications de prescription, durée et posologies maximales...). En attendant, l'agence a adressé jeudi des "recommandations temporaires" aux professionnels de santé. Ils sont invités à "informer les patients de l'existence du risque de méningiome" et réévaluer le rapport bénéfice/risque du traitement pour chaque patient.
En outre, avant d'initier un traitement, ils doivent vérifier "l'absence d'antécédent de méningiome ou de méningiome connu en évolution". Enfin, l'ANSM souligne qu'il faut "prescrire l'acétate de cyprotérone dans le respect des indications autorisées par l'AMM", "aux doses les plus faibles possibles et sur une courte durée".