Le retour à une sexualité épanouie, la préservation de la fertilité et le retour à l'emploi sont parfois les oubliés du traitement du cancer, a souligné mercredi l'Académie nationale de médecine, qui recommande une meilleure prise en charge.
Des manques criants concernant la fertilité. "Le maintien d'une cohésion familiale est important et passe par le retour à une vie sexuelle normale et une proposition de préservation de la fertilité avec conservation des gamètes", écrit l'Académie, dans un rapport intitulé "Retour à la vie 'normale' après traitement d'un cancer". Concernant la fertilité, les manques sont encore criants. Une enquête de l'Institut national du cancer (INCa) en 2014 avait montré que seuls 16% des hommes potentiellement concernés avaient vu leur sperme préservé, et 2% des femmes leurs ovocytes. Rien n'avait été proposé à plus des deux tiers des patients (68%).
L'Académie recommande de rendre plus systématique "une proposition de préservation de la fertilité adaptée au type de cancer, à l'âge et aux risques d'infertilité liés aux traitements et une évaluation en cancérologie des résultats en terme de grossesses des méthodes de préservation des gamètes". Ce droit est prévu par la loi de bioéthique de 2004, modifiée en 2011. Il concerne "environ 55.000 patients par an", d'après l'instance.
Sexualité : "pas de prise en charge véritablement organisée". Par ailleurs, "la sexualité après cancer est perturbée mais il n'existe pas de données épidémiologiques précises", a déploré l'Académie. Et "la prise en charge des troubles de la sexualité est recommandée, mais il n'existe pas de prise en charge véritablement organisée". L'étude de l'INCa en 2014 avait montré que 48% des hommes et 53% des femmes avaient fait état d'une détérioration "forte" ou "modérée" de leur santé sexuelle après un cancer. L'Académie recommande "une évaluation psychologique des patients dès leur prise en charge qui permettra de leur expliquer de façon éclairée les conséquences physiques et sexuelles des traitements et dirigera le suivi pendant et après le traitement".
La difficulté du retour à l'emploi. Une autre enquête de l'INca en 2014 avait également souligné les difficultés de la conservation ou du retour à l'emploi des personnes atteintes d'un cancer, pendant ou après leur traitement. D'après cette enquête, basée sur le suivi de 2.508 patients deux ans après diagnostic, "une personne sur trois quitte ou perd son emploi contre une sur six en population générale et parmi les personnes au chômage au moment du diagnostic seule une sur trois retrouve un emploi". L'Académie recommande sur ce sujet "une adaptation régulière des règles du 'droit à l'oubli', gérées par la convention tripartite entre pouvoirs publics, professionnels de la banque et assureurs, aux paramètres de plus en plus précis du pronostic des cancers et un soutien fort à toutes les initiatives de retour à l'emploi".