Le Sida peut se transmettre par la transpiration, l'utilisation d'une contraception permet d'empêcher la transmission du VIH ou encore un vaccin permet d'éviter le Sida… Voici autant d'idées reçues qu'une partie grandissante des 15-24 ans prennent pour véridiques, selon un sondage Ifop-Bilendi pour le Sidaction. Un manque d'information que déplore l'association de lutte contre le Sida dont le week-end d'appel aux dons commence vendredi pour s'achever dimanche à minuit. Europe 1 décrypte quatre de ces idées fausses.
1 - Le Sida et le VIH désignent la même chose
Les deux termes sont souvent utilisés comme des synonymes. Selon le précédent sondage Ifop-Bilendi, 35% des 15-24 ans considéraient d'ailleurs qu'il s'agissait de la même chose. Il existe pourtant une différence entre les deux. VIH signifie Virus de l'Immunodéficience Humaine, qui est responsable du Sida (Syndrome d'ImmunoDéficience Acquise), une maladie mortelle. "Sans traitement, une personne porteuse du VIH devient malade du Sida", résume le site Internet du Crips d'Île-de-France (Centre régional d'Information et de Prévention du Sida).
La contamination se passe en trois étapes. On parle d'abord de "primo-infection" lorsque l'organisme réagit pour la première fois au contact du VIH. C'est lors de cette phase que le taux de transmission du virus est maximal car la charge virale (la quantité de virus, dans le sang et les autres liquides organiques) est très élevée.
Arrive ensuite une période sans symptôme apparent (on l'appelle la "phase asymptômatique"). La personne séropositive - dont l'organisme contient des signes d'anticorps contre le virus - peut alors transmettre le VIH sans pour autant ressentir de symptômes. C'est à cause de cette absence de signes apparents que 25.000 personnes vivent en France sans connaître leur séropositivité, selon le site du Sidaction.
Enfin, sans traitement pour bloquer la propagation du virus, la personne devient malade du Sida, c'est-à-dire que la maladie est déclarée. Les défenses immunitaires de l'organisme s'effondrent, permettant la multiplication des infections dites opportunistes et de certains cancers.
2 - Le Sida peut se transmettre par des baisers, la transpiration ou un verre d'eau commun
Il est vrai que le virus du Sida est présent dans tous les liquides biologiques de l'organisme d'une personne séropositive (c'est-à-dire que son sérum sanguin contient des anticorps spécifiques à un agent infectieux, le VIH en l'occurrence), soit la salive, la sueur, le sang ou encore le sperme. Mais tous ces liquides n'ont pas la même capacité de transmission.
Seuls le sang, le sperme et le liquide séminal (qui s'écoule au début de l'érection), les sécrétions vaginales et le lait maternel peuvent transmettre ce virus. Embrasser ou toucher une personne séropositive qui transpire n'est donc pas dangereux, contrairement à ce que pensent respectivement 21% et 18% des 15-24 ans, selon le sondage.
En revanche, il est possible que le virus se transmette lors d'un contact entre la bouche et un organe sexuel. Par exemple, lors d'une fellation, où le pénis est en contact avec la bouche, il existe un risque "moyen" de transmission lors de l'éjaculation. En revanche, le risque présenté par un cunnilingus (lorsque la bouche est en contact avec la vulve) est faible.
Quant à la sodomie, elle fait également partie des rapport sexuels à risques si elle est pratiquée sans protection que ce soit entre deux hommes ou au sein d'un couple hétérosexuel.
3 - L'utilisation de la pilule du lendemain peut empêcher la transmission du virus
19% des 15-24 ans pensent qu'une pilule contraceptive d'urgence (surnommée pilule du lendemain) peut empêcher la transmission du virus ; c'est 9 points de plus qu'en 2015. Pourtant, après une prise de risques - une relation sexuelle sans protection, un partage de seringue ou une rupture de préservatif - seul le TPE (Traitement Post Exposition) permet de réduire fortement les risques de contamination.
Pour l'obtenir, il faut se rendre dans un service d'urgences le plus rapidement possible, idéalement dans les 72 heures après la situation à risque. Un test rapide peut alors être pratiqué. Si l'un des deux partenaires sexuels connaît sa séropositivité, il lui est recommandé de se munir de ses derniers bilans médicaux. Ce traitement d'urgence bloque la multiplication du virus et empêche sa dissémination dans l'organisme et donc la contamination. Pour cela, trois médicaments antirétroviraux sont administrés.
Il s'agit néanmoins d'un traitement lourd avec de nombreux effets secondaires, comme des nausées, des maux de tête et des coups de fatigue, délivré par un médecin à l'issue d'un entretien. Il doit être pris pendant 28 jours puis assorti d'un suivi médical et de prises de sang régulières pendant six mois. C'est donc un recours indiqué uniquement pour un risque isolé et exceptionnel.
Dans le cas où un risque serait pris régulièrement, il existe un autre traitement : le PrEP (Prophylaxie pré-exposition). Il est indiqué pour les personnes séronégatives exposées à un risque de transmission comme les hommes ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes. Il repose essentiellement sur la prise du médicament Truvada. En France, 5.000 personnes suivent ce traitement préventif.
4 - Le virus du Sida ne tue plus aujourd'hui
Il est vrai que grâce à l'évolution des traitements comme la trithérapie ou la multithérapie, il est possible de bloquer la multiplication du VIH et donc de vivre avec la maladie. D'ailleurs l'espérance de vie des patients infectés par le virus du Sida en Europe et en Amérique du Nord a augmenté d'environ dix ans depuis l'introduction des trithérapies en 1996, selon une étude publiée en mai 2017 dans la revue britannique The Lancet HIV.
Néanmoins il s'agit toujours d'une maladie mortelle qui ne peut être éliminée complètement de l'organisme par aucun traitement. Les traitements actuels permettent seulement de réduire la charge virale et de contenir la maladie. Pourtant 26% considèrent qu’il existe des médicaments pour guérir du sida (soit une hausse de 13 points par rapport à 2009).
Par ailleurs, aucun vaccin efficace n'existe encore sur le marché. Des recherches sont menées en ce sens et donnent des résultats encourageants. C'est le cas d'une équipe du laboratoire Janssen (du groupe Johnson and Johnson) qui a testé un vaccin expérimental sur quelque 393 volontaires provenant de cinq pays. Le prototype a entraîné une réponse immunitaire (la production d'anticorps) chez 100% des participants, mais il reste au stade du développement. Sidaction rappelle que chaque année en France, environ 6.000 personnes découvrent leur séropositivité au VIH, dont plus d'un quart (27%) à un stade avancé de l'infection.
Trois jours d'appels aux dons
Co-fondée en 1994 par Pierre Bergé et Line Renaud, l'association Sidaction finance des programmes de recherche et de prévention. Les dons pourront être faits par téléphone (110), en ligne ici, par SMS en envoyant le mot DON au 92 110 (petits dons) ou par courrier à Sidaction, 228 rue du Faubourg Saint-Martin 75010 Paris. L'an dernier, le Sidaction s'était achevé sur un total de 4,07 millions d'euros de promesses de dons.