Le télétravail s'est démocratisé pendant le confinement. Certaines entreprises envisagent désormais de le pérenniser mais télétravailler dans de bonnes conditions demande une préparation. Pour Olivier Girard, ergonome, posturologue et auteur du livre Plein le dos : le manuel de la posture, invité d'Europe 1, il y a six grandes étapes à suivre pour télétravailler de manière durable et sans risque. Des précautions nécessaires car "tous les risques que vous observez sur un lieu de travail qui résultent dans des pathologies dorsales sont spécifiquement créés par ce que vous faites avec votre corps".
Étape préliminaire : préparer le télétravail
Comme le rappelle Olivier Girard, même en télétravail "l'employeur est responsable d'assurer que vous travaillez dans de bonnes conditions", ce qui n'a pas forcément été le cas pendant la crise du coronavirus. Plusieurs conditions sont à remplir selon lui.
"Il faut de la formation" aux bonnes attitudes pour le salariés et pour les cadres. Les entreprises doivent revoir leurs conditions managériales pour gérer les employés à distance. À l'inverse, il faut que l'employé puisse bénéficier de conseils à domicile si il le souhaite, "mais l'employeur doit respecter sa vie privée". Par ailleurs, il faut les "mêmes conditions de travail qu'au bureau". Le "télétravail devrait conditionné au fait d'avoir la place pour le faire" juge Olivier Girard.
Étapes un et deux : bien choisir et aménager son siège
Le siège ne doit pas être "trop bas" ou "trop profond" comme un canapé, il ne doit "pas être trop dur, sinon vous ne resterez jamais assis sur les os des fesses, et il doit y avoir un support lombaire". Il faut en effet être sur les os des fesses, contre le dossier, avec le bassin stable. Ce siège "choisi à travers ces quatre critères, va ressembler de près ou de loin à une chaise de cuisine".
Il faut ensuite faire du "tuning de siège". L'objectif est "d'assouplir l'assise si c'est une assise en bois, pour que vous pussiez tenir longtemps". Cela passe par l'ajout d'un coussin mais celui-ci doit être bien choisi. "Avec un coussin très épais, votre bassin va partir vers l'avant" et glisser. Il faut donc "un coussin plutôt fin" et un support lombaire, tel qu'un coussin lombaire ou des serviettes, pour le dossier.
Étapes trois et quatre : une table adaptée pour protéger sa nuque
"Pour 90 % de l'humanité la bonne table de travail va avoir une hauteur entre 68 et 76 centimètres". Mais comme le précise Olivier Girard, 76 centimètres c'est un maximum et "la plupart des tables de salon sont précisément aux alentours de 75-76 cm. Donc souvent, la table qu'on va trouver à la maison va être trop haute". L'idéal est d'avoir "un bureau qui est plus ou moins à la hauteur de ses coudes" ou de rehausser son siège.
Il faut également disposer son matériel de manière optimale pour protéger ses épaules et sa nuque. Le clavier et la souris doivent être "juste sous les doigts. Elle doit être là où vos doigts sont quand vous avez les coudes le long du corps". La hauteur des écrans est enfin essentielle. "Sur téléphone portable la nuque est très fléchie et ça c'est un risque pour la nuque donc on va soit rehausser l'ordinateur portable, soit mettre un écran séparé".
Étapes cinq et six : réorganiser son temps de travail et faire des pauses
Ces premières étapes sont "biomécaniques" et permettent de s'assurer d'être bien assis. Mais comme le souligne Olivier Girard, "même bien assis vous ne pouvez pas rester pour l'éternité, il va falloir réorganiser des pauses". "Les pauses vont être d'autant plus fréquentes que votre posture va être sous-optimale".
Ainsi si votre position est optimale, aussi bonne qu'elle peut l'être "vous pouvez être assis une demi-heure sans avoir besoin de vous lever", mais "au bout d'une demi-heure c'est quand même recommandé". À l'inverse si ce n'est pas optimal, "on peut descendre à un quart d'heure". L'idée n'est pas toujours de cesser de travailler mais simplement de se mettre en position debout quelques instants.