Le contrecoup psychologique du confinement a-t-il lieu maintenant ? Déconfinés après deux mois d'isolement, les Français ne seraient-ils pas aujourd'hui, pour certains, en proie à un choc post-traumatique ? Invitée de l'émission Sans Rendez-vous, jeudi sur Europe 1, l'hypnothérapeute Sabine Marin, qui anime par ailleurs le soir la Libre Antenne, apporte un éclairage sur ce phénomène, en donnant quelques clés aux auditeurs concernant l'acceptation et la gestion du stress de manière générale.
>> EN DIRECT - Coronavirus : suivez l'évolution de la situation
Dans son cabinet, Sabine Marin a pu elle-même constater l'épuisement psychologique de certaines personnes. "Beaucoup de femmes m’appellent parce qu'elles sont épuisées, parce qu’elles ont eu l’impression d'avoir porté leur famille à bout de bras pendant le confinement", raconte-t-elle. "Beaucoup ont l’impression d’avoir des maris qui sont redevenus des ados et n’ont pas pris les choses en main. Elles sont épuisées physiquement et nerveusement". Plus largement, l'hypnothérapeute remarque que nombre de personnes ont tenu "parce qu'il fallait tenir", mais une fois la tempête passée, s'écroulent.
"Il n'y a que des émotions adaptées à la situation, ou pas"
Si cette période est difficile à passer, Sabine Marin le rappelle : le stress n'est pas forcément une émotion négative. "Il n'y a pas d'émotions positives ou négatives, il n'y a que des émotions adaptées à la situation, ou pas." Celle-ci prend notamment l'exemple du stress ressenti par une personne si elle était poursuivie par une horde de loups affamés. "Un bon coup de stress pour aider à courir plus vite que les loups, et à survivre", est en l'espèce plutôt adapté à la situation. En revanche, "le même coup de stress dans les embouteillages, non seulement ne servira à rien, mais à long terme il sera en plus recyclé en ulcère", poursuit l'hypnothérapeute.
La spécialiste insiste donc sur la nécessité de se demander constamment, en cas de stress, si l'on est dans la bonne émotion par rapport à la situation que l'on vit à l'instant T. "La plupart du temps, c'est 'non'." Dans le cadre d'un stress post-confinement, et conformément à ce qu'elle a pu observer chez ses clients, le stress est associé à une situation antécédente. Seuls les effets sont ressentis à l'issue de cette situation. "Si ce qui me stresse est ce qui m'est arrivé avant, c'est passé, il faut donc se recentrer."
L'ESSENTIEL CORONAVIRUS
> Déconfinement : à quoi pourrait ressembler la nouvelle carte présentée le 2 juin ?
> Coronavirus : les 5 erreurs à ne pas commettre avec votre masque
> Coronavirus : l’Académie française a tranché, il faudra désormais dire "la" Covid-19
> Corrections statistiques, moyennes arrondies... les mesures exceptionnelles du bac 2020
> Anticorps, réinfection, mutation : trois questions sur l'immunité face au coronavirus
> Pourquoi les infirmières françaises sont-elles parmi les plus mal payées d'Europe ?
Ne pas sur-interpréter, et s'enlacer soi-même
Pour se recentrer, Sabine Marin préconise avant tout d'avoir recours à "la règle des quatre Je". Aussi, quand survient un coup de stress, il convient de ne pas sur-interpréter la situation, mais de se répéter : "Je ne sais rien. Je ne pense rien. Je ne crois rien. Je me concentre sur les faits."
Aux remèdes de l'esprit s'ajoutent les remèdes du corps. Se reconnecter avec son propre corps est nécessaire, selon l'hypnothérapeute, pour calmer ce stress qui peut si facilement prendre le dessus. Pour cela, s'étreindre en imitant le vol du papillon est une solution qui, au-delà de la poésie du geste, s'impose comme une astuce simple et efficace.
Lorsqu'on se sent stressé, que notre respiration se bloque, il suffit de se prendre soi-même dans les bras en mettant sa main droit sur son épaule gauche, et sa main gauche sur son épaule droite, de manière à ce que les coudes se trouvent croisés devant la poitrine. En inspirant profondément, les coudes se lèvent jusqu'au niveau du visage, et s'abaissent ensuite au fil de l'expiration. "En se serrant dans les bras nous-mêmes et en calmant notre respiration", explique Sabine Marin, "on se fait du bien rapidement, et cela apaise".