Sensation de fatigue pendant la journée, somnolence, ou encore sautes d'humeur : si chacun connaît les effets quotidiens produits par le manque de sommeil, ses conséquences néfastes sur la santé sont en revanche moins connus. Mercredi, dans Sans rendez-vous, le docteur Jimmy Mohamed est revenu sur ces troubles plus fréquents qu'autrefois chez les Français.
Les Français dorment moins qu'avant
Les chiffres sont éloquents. Les Français dorment en moyenne 1h30' de moins qu’il y a 50 ans. 45% des 25-45 ans considèrent ainsi qu'ils dorment moins que ce qu’ils ont besoin, et plus inquiétant, 13% considèrent que dormir est une perte de temps.
Cependant, rappelle Jimmy Mohamed, "la quantité nécessaire de sommeil ainsi que sa qualité varient grandement d'une personne à l'autre". En effet, si "l'environnement, l'hygiène et le rythme de vie jouent un rôle important" sur le sommeil, "le potentiel génétique, l'hérédité, ont un impact évident, et nous ne sommes pas tous égaux face au sommeil".
Quels sont les risques pour la santé ?
De nombreuses études ont démontré l'impact négatif d'un manque de sommeil sur la santé. Certaines ont ainsi prouvé un lien entre troubles du sommeil et altération des capacités cognitives "via une présence accrue de plaques séniles, des dépôts anormaux dans le cerveau et qui sont des signes précoces et révélateurs de la maladie d'Alzheimer". Il y a donc un lien entre le sommeil et la capacité du cerveau à "évacuer les toxines", poursuit le docteur. La dépression peut également être favorisée par les troubles du sommeil.
Enfin, les études montrent un risque accru de maladies cardiovasculaires, avec une augmentation du risque d'hypertension artérielle, de cholestérol, d'AVC ou d'infarctus, chez les personnes qui présentent une mauvaise qualité de sommeil.
Le risque de cancer est-il plus grand ?
Les liens entre sommeil et immunité devraient être mieux décrits à l'avenir, selon le spécialiste santé d'Europe 1. Car si on est sujet aux troubles du sommeil, "on est un peu plus sensible aux infections", indique Jimmy Mohamed, "et on se demande si ce n'est pas ça qui fait que les personnes qui travaillent de nuit ont des cancers un peu plus fréquents au niveau de la prostate ou du colon. Dans ce cas-là, le système immunitaire pourrait avoir un rôle par une désynchronisation du rythme circadien, l'horloge biologique interne, qui aurait une influence sur des signaux moléculaires".
Quelles pathologies peuvent entraîner des troubles spécifiques ?
Il n'y a pas que l'insomnie primaire qui peut provoquer des troubles du sommeil, rappelle Jimmy Mohamed, citant notamment l'apnée du sommeil, qui "fait que l'on ronfle et que l'on fait des pauses respiratoires qui entraînent des micro-réveils", ou encore "le syndrome des jambes sans repos, caractérisé par un besoin irrépressible de bouger les jambes, qui peut être associé ou non à une sensation désagréable au niveau des membres inférieurs". Enfin, on peut encore citer la parasomnie (comportements anormaux pendant le sommeil ou à la lisière de l'éveil et du sommeil), l'hypersomnie (besoin excessif de dormir), ou la narcolepsie (accès de sommeil brusques et irrésistibles).