Un traitement pour le stress post-traumatique bientôt étendu aux chagrins d'amour ?
Un psychiatre et chercheur canadien forme des médecins français à l'application d'un traitement à base de "pilule de l'oubli", déjà utilisé pour les victimes de stress post-traumatique, mais pour surmonter les ruptures amoureuses particulièrement douloureuses.
Le Propranolol, parfois surnommé la "pilule de l'oubli" , était déjà utilisé comme traitement expérimental pour aider les victimes des attentats à surmonter leurs traumatismes. Et son usage pourrait bientôt être étendu... aux chagrins d'amour. Un psychiatre canadien, Alain Brunet, commence en effet à former des médecins français pour appliquer le même traitement aux personnes choquées par une rupture amoureuse, rapporte Le Parisien jeudi .
Déjà utilisé pour les victimes d'attentats. Le Propranolol est un bêtabloquant qui permet, petit à petit, d'atténuer la charge émotionnelle d'un souvenir traumatique. "Puisque le trauma émane d'un souvenir émotionnel, au fur et à mesure que l'émotion s'efface, les symptômes de stress post-traumatique s'évanouissent", avait expliqué Alain Brunet au micro d'Europe 1 en 2017. "On obtient des résultats comparables à une psychothérapie ou pharmacothérapie, en moins de temps", avait-il ajouté.
Un champ d'application élargi aux ruptures amoureuses. En France, il est utilisé à titre expérimental par 360 victimes d'attentats, de celui du 13-novembre à celui de Nice. Au Canada, le protocole a été étendu aux victimes de stress post-traumatique provenant d'une rupture amoureuse. Anne, une Française installée au Québec, assure dans les colonnes du Parisien : "Ce médoc m'a sauvé la vie" après un divorce très douloureux.
Un usage autorisé ? Depuis janvier, Alain Brunet forme des médecins français à ce traitement. Néanmoins selon le Code de Santé publique , un médicament ne peut pas faire l'objet d'une prescription pour un usage qui ne correspond pas à son autorisation de mise sur le marché. Mais cela reste possible en l'absence d'"alternative médicamenteuse appropriée".
Par ailleurs, un rapport parlementaire de 2011 établissait ce type de prescription détournée à 15 ou 20% des ordonnances. Il arrive également que cette pratique pousse l'Agence nationale de sécurité du médicament (Ansm) à autoriser a posteriori cet usage.