Une pilule expérimentale, pouvant rester dans l'estomac plusieurs semaines pour diffuser graduellement un médicament, devrait permettre de surmonter la difficulté de prendre un traitement quotidiennement et potentiellement éliminer des maladies comme le paludisme, selon une publication américaine mercredi.
"Jusqu'à présent, les comprimés ne durent jamais plus de 24 heures et cette nouvelle gélule ouvre vraiment la voie à des systèmes oraux de diffusion de médicament de très longue durée", explique Robert Langer, professeur au Massachusetts Institute of Technology (MIT), un des auteurs de cette avancée publiée dans la revue Science Translational Medicine. "Cette nouvelle pilule pourrait avoir un effet sur toutes sortes de maladies comme Alzheimer ou des troubles psychiatriques", précise-t-il.
Expérimentée sur des porcs. La pilule a été expérimentée sur des porcs avec de l'ivermectine, un antiparasite qui pourrait favoriser les efforts d'élimination du paludisme. Si un moustique pique une personne qui prend de l'ivermectine, il meurt, ce qui pourrait fortement réduire l'incidence du paludisme et de toutes les infections transmises par ces insectes comme le Zika. La nouvelle pilule a pu rester dans l'estomac de ces animaux pendant deux semaines après avoir été ingérée.
Un traitement contre le VIH ou Alzheimer ? La société Lyndra, basée à Cambridge dans le Massachusetts, développe cette technologie qui bénéficierait d'abord aux malades nécessitant un traitement graduel, à l'instar de ceux souffrant de pathologies neuropsychiatriques, du VIH ou encore du diabète. Pour le paludisme, cette pilule pourrait également être armée avec de l'artéminisine, un puissant antipaludéen.
Selon des modèles, si 70% de la population à risque était traitée ainsi, le taux de transmission de la maladie pourrait être réduit dans la même proportion que si 90% était soignée avec seulement cet antipaludéen. "Faire prendre des médicaments à des malades quotidiennement sur de longues périodes est vraiment problématique", note le Dr Andrew Bellinger, un cardiologue à Brigham and Women's Hospital et responsable scientifique de la société Lyndra. "Si les médicaments peuvent être efficaces pendant une longue période on pourrait radicalement améliorer l'efficacité des campagnes de traitement de masse", estime le Dr Bellinger.
Une pilule qui s'auto-dissout. Cette technologie pourrait également aider les chercheurs à effectuer des essais cliniques de plus grande qualité en facilitant la prise des médicaments. Une fois dans l'estomac, cette gélule de deux centimètres de diamètre, faite de polymère, se déplie en forme d'étoile mesurant quatre centimètres ce qui l'empêche de passer dans le pylore pour sortir de l'estomac mais sans gêner le passage des aliments. La pilule se dissout d'elle-même après plusieurs semaines.