A peine sorti d'un confinement de quatre semaines, le Royaume Uni a pris tout le monde de vitesse et devient le premier pays à approuver l'utilisation massive du vaccin des laboratoires Pfizer/BioNTech contre le Covid-19. Le gouvernement a indiqué avoir accepté "la recommandation" de l'Agence indépendante de réglementation des médicaments et des produits de santé (MHRA). "Une nouvelle fantastique", selon le tweet de Boris Johnson, Premier ministre britannique, dans le pays le plus endeuillé d'Europe, avec plus de 59.000 morts du Covid-19.
Le Brexit comme accélérateur
Les premières doses pourraient être délivrées dès la semaine prochaine. Cette rapidité ne surprend pas Jean-Daniel Lelièvre, chef du service d'immunologie à l'hôpital Henri Mondor de Créteil. "Une demande d'autorisation de vente a été faite pour l'Europe. Le Royaume-Uni, avec le Brexit, a quitté l'Europe. Il a donc sa propre autorisation en cours. C'était attendu."
Le gouvernement britannique n'a pas manqué de se gargariser et d'y voir une preuve de l'utilité de sortir de l'Union européenne. "Alors que, jusqu'à plus tôt cette année, nous étions dans l'Agence européenne du médicament, grâce au Brexit nous avons pu prendre une décision fondée sur le régulateur britannique, un régulateur de classe mondiale, et non au rythme des Européens, qui avancent un peu plus lentement", a affirmé le ministre de la Santé, Matt Hancock.
L'Agence européenne des médicaments (EMA) doit pour sa part se prononcer le 29 décembre "au plus tard" sur le vaccin du tandem américano-allemand et d'ici au 12 janvier sur celui du concurrent américain Moderna, qui affichent tous deux un taux d'efficacité proche de 95%.
Une autorisation logique
Pour Jean-Daniel Lelièvre, cette décision n'est pas précipitée mais fondée sur les arguments scientifiques. "On a toutes les données qui étaient le prérequis pour avoir les autorisations de mise sur le marché." D'abord, "une efficacité d'au moins de 50%, et avec ce vaccin l'efficacité est bien supérieure, probablement aux alentours de 95%", énumère-t-il. Ensuite, "un recul sur la tolérance du vaccin, demandée par différents pays et par l'OMS d'au moins deux mois sur plus de 3.000 sujets vaccinés. On a, avec le vaccin Pfizer, plus de deux mois et plus de 15.000 personnes qui ont été vaccinées".
"Les autorisations ont été données par des experts qui ont eu accès à l'ensemble des données donc s'ils ont donné ces autorisations, c'est qu'ils avaient tous les garde-fous", assure l'immunologiste, membre de la Haute autorité de santé, qui a récemment livré ses recommandations quant à la stratégie vaccinale en France.