Le laboratoire allemand BioNTech a estimé jeudi que la protection des brevets sur les vaccins anti-Covid n'était pas le facteur limitant la production et l'approvisionnement de son vaccin développé avec l'américain Pfizer.
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"Un an" pour mettre en place des sites de production
"Les brevets ne sont pas le facteur limitant la production ou l'approvisionnement de notre vaccin", a déclaré à l'AFP le laboratoire après que les Etats-Unis se sont déclarés favorables à la levée des brevets pour accélérer la production et la distribution de doses dans le monde. Pour BioNTech, une telle mesure n'aurait pas d'effet "à court et moyen terme". "Les experts ont déjà souligné que la mise en place et la validation de nouveaux sites de production prennent en général un an", argumente-t-il.
Par ailleurs, la production de vaccin à ARN messager, comme celui mis au point par BioNTech et l'américain Pfizer, "est un processus complexe développé sur plus d'une décennie. Toutes les étapes doivent être définies et exécutées de façon précise", par un "personnel expérimenté", a-t-il notamment expliqué. Si toutes les exigences ne sont pas remplies, la qualité et l'efficacité du vaccin pourraient en être affectées. "Cela pourrait mettre la santé des personnes vaccinées en danger".
Jusqu'à 3 milliards de dose prévues cette année
BioNTech, qui tablait pour 2021 sur la fabrication de jusqu'à 2,5 milliards de doses de son vaccin, dit avoir désormais "la capacité" de produire jusqu'à 3 milliards de doses cette année et plus de 3 milliards l'année prochaine. Sur le territoire de l'UE, deux usines, en Belgique et en Allemagne, sont les plateformes centrales de la fabrication des doses du sérum à ARN messager. Le laboratoire privilégie les transferts de technologie et la délivrance de licences ciblées pour augmenter la production de son vaccin, a-t-il réaffirmé, soulignant être en étroite collaboration avec plus de 15 partenaires, dont Merck, Novartis Sanofi et Baxter.
L'administration du président américain Joe Biden a annoncé mercredi soutenir l'idée d'une levée des brevets sur les vaccins, précisant que Washington participait "activement" aux négociations menées en ce sens à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). L'Union européenne s'est elle-même dite jeudi "prête à discuter" d'une levée des brevets, un sujet qui s'invitera au sommet des 27 à Porto vendredi, tout en se montrant sceptique sur l'efficacité d'une telle mesure pour accélérer la vaccination mondiale.