C'est une nouvelle conséquence sanitaire du nouveau coronavirus. L'épidémie de Covid-19 a entraîné une "forte" diminution du dépistage des infections par le virus du sida (VIH) avec, lors du premier confinement, une réduction du nombre de tests sanguins de 56% entre février et avril, selon Santé publique France (SpF).
Le nombre des sérologies (tests sanguins) "a ensuite ré-augmenté en mai et juin, sans atteindre les niveaux observés en début d'année", note l'agence sanitaire dans un bulletin sur la surveillance du VIH et des infections sexuellement transmissible (IST/MST) bactériennes, publié à l'occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida du 1er décembre. "6,2 millions de sérologies VIH ont été réalisées en 2019 par les laboratoires de biologie médicale", selon ce bulletin. Le dépistage avait progressé ces dernières années (plus 10% entre 2014 et 2018 et plus 6% entre 2018 et 2019).
Pas d'estimations pour 2019
Les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes (HSH) et les hétérosexuels nés à l'étranger représentent respectivement 43% et 37% des découvertes de séropositivité déclarées entre janvier 2019 et septembre 2020. Le nombre de découvertes de séropositivité avait été estimé à 6.200 en 2018 (en diminution de 7% par rapport à 2017). Ce nombre n'a pas pu être estimé pour 2019 : les biologistes et les cliniciens ont été mobilisés par le Covid-19 en 2020 et ont eu moins de temps pour fournir suffisamment d'éléments sur l'année 2019.
SpF a néanmoins pu décrire les personnes concernées. En 2019, le taux de positivité est de 1,9 pour 1.000 tests sanguins, comme en 2018. Il est plus élevé pour le dépistage anonyme (2,4). Par ailleurs, environ 79.500 autotests pour le VIH ont été vendus en pharmacie en 2019, soit une augmentation de 6% par rapport au total des ventes en 2018.
Un traitement efficace pour éviter de le transmettre
Le dépistage est l'unique moyen d'établir le diagnostic et d'accéder aux traitements antirétroviraux et ainsi de préserver sa santé, rappelle l'agence sanitaire. Et un traitement efficace permet de ne pas transmettre le virus lors de ses relations sexuelles, même sans préservatif, ajoute-elle en s'appuyant sur une campagne d'affichage sur le web lancée jusqu'au 28 décembre. Cette campagne qui vise notamment à faire connaître l'effet préventif du traitement antirétroviral (le"TasP" en anglais), encore trop souvent méconnu, repose sur cinq visuels mettant en scène des couples divers (de même sexe ou pas, jeunes ou moins jeunes) en jouant sur le mot séropositif ("séropoétique","séropossessif", "séropolissons", "séropopstar", "séropopulaire").
[#WorldAidsDay] "Vivre avec le #VIH, c’est d’abord vivre"
— SantépubliqueFrance (@SantePubliqueFr) December 1, 2020
La nouvelle campagne de Santé publique France rappelle qu’aujourd’hui avec les traitements, une personne séropositive peut vivre en bonne santé, vivre pleinement sa sexualité et avoir des enfants https://t.co/QTEkPrlXZzpic.twitter.com/flFLM9r1Hm
Plus généralement, la pandémie a "fortement impacté l'activité au dépistage en 2020" : la "diminution du nombre de dépistages de près de 60%" observée entre février et avril 2020, concerne aussi bien le VIH que les IST bactériennes (syphilis, infection à gonocoques cause de "chaude-pisse", et à chlamydia responsable d'infertilité féminine, ndlr).