Vendredi la ministre de la Santé Agnès Buzyn a confirmé l’identification de trois cas de personnes atteintes du virus venu de Chine. Deux personnes sont hospitalisées à l’hôpital Bichat à Paris et un troisième à Bordeaux. Seule certitude pour l’heure : les trois patients ont tous séjourné à Wuhan en Chine. "Une enquête épidémiologique approfondie autour de ces cas a été immédiatement mise en oeuvre", a ensuite précisé le ministère. Il s'agit notamment d'identifier les personnes ayant été en "contact étroit" avec les malades et de les examiner et donner des consignes pour éviter une propagation. L'état de santé des patients atteints par le virus, tous suivis dans des unités spécialisées avec des traitements adaptés pour calmer leurs symptômes, ne générait pas d'inquiétude particulière samedi en fin de journée.
Les patients parisiens "vont bien"
Les deux patients hospitalisés à Paris pour une infection au coronavirus originaire de Chine "vont bien" avaient indiqué plus tôt dans la journée de samedi les médecins qui les ont pris en charge, ajoutant que d'autres patients étaient "en détection". "Les deux patients vont très bien" et leur état ne présente "pas de signes de gravité", a déclaré à la presse le professeur Yazdan Yazdanpanah, chef du service maladies infectieuses à l'hôpital Bichat, où les deux patients ont été hospitalisés à l'isolement. Interrogé sur d'autres cas potentiels, le professeur Pierre Carli, chef du Samu de Paris, a précisé qu'"il y a des patients en détection", sans donner de chiffre. Il a toutefois précisé que le Samu parisien avait reçu "une trentaine d'appels" de "personnes inquiètes" depuis 24 heures dont "95%" ont pu être écartés "par une simple conversation avec le médecin régulateur". Des analyses étaient toujours en cours samedi en fin de journée.
"Le taux de mortalité de cette maladie pour l'instant, c'est moins de 5%, sur ce qu'on connaît", a aussi déclaré Yazdan Yazdanpanah. "Donc je pense qu'il ne faut pas céder à la panique. La probabilité d'une épidémie en France ou en Europe est extrêmement faible parce que justement on a un dispositif pour contrôler l'épidémie."
Les patients hospitalisés à Bichat sont un homme âgé de 31 ans et une femme âgée de 30 ans, un couple "originaire de Wuhan" la ville chinoise où l'épidémie est apparue en décembre, a précisé le Pr Yazdanpanah. Ils sont arrivés en France le 18 janvier et ont été transportés à l'hôpital Bichat vendredi par le Samu présentant "de la fièvre et des signes respiratoires". La femme n'avait plus de symptômes fiévreux samedi et l'homme présentait "une fièvre un peu fluctuante".
Bordeaux : un Français de 48 ans, "en contact" avec 10 à 15 personnes
À Bordeaux, il s'agit d'un Français de 48 ans et d’origine chinoise, rentré de Chine il y a une dizaine de jours. "Il travaillait dans le monde du vin, il était donc amené à faire des allers-retours réguliers avec la Chine", explique au micro d’Europe 1 Nicolas Florian, le maire LR de Bordeaux. "Il est lucide, il a pu retracer son parcours depuis qu’il est rentré et qu’il a atterri à Mérignac. Il y a des gens qui ont été identifiés. A priori il n’a pas pris beaucoup de transports en commun ni fréquenté de lieux de vie. Il ne faut pas céder à la panique mais il faut être vigilant."
Le malade identifié à Bordeaux s'était présenté jeudi à SOS Médecins de Bordeaux avec de la fièvre et de la toux, avant d'être exfiltré en chambre isolée dans un service de maladies infectieuses du Centre hospitalier de Bordeaux.
Entre 10 et 15 individus, qui seraient entrés en contact avec le patient infecté, se sont signalées auprès des autorités sanitaires. Ces personnes font l’objet d’une auscultation. "Toute l'autorité publique, l'Etat et les autorités sanitaires sont mobilisés sur ce patient et les personnes qu'il a pu rencontrer", a insisté l’élu LR lors d’un point presse. Par "principe de précaution" cependant, les festivités du Nouvel An chinois, qui devaient se tenir dimanche à Bordeaux, ont été annulées par les organisateurs, ont annoncé samedi l'Association et les Coordinateurs de la Fête du Nouvel An Chinois de Bordeaux.
Les trois patients hospitalisés en France le sont chacun dans une chambre en dépression, c'est-à-dire une pièce dans laquelle l'air peut rentrer mais pas sortir afin d'éviter toute contamination extérieure.
Les malades ne quitteront pas leur hôpital avant que les autorités sanitaires en sachent plus sur la transmission du virus, comme le moment où il est contagieux et ses risques de mutation.