Nous ne sommes pas tous égaux devant la nature et, chaque hiver, la grippe est malheureusement là pour nous le rappeler. D’un malade à l’autre, les symptômes ne sont pas toujours les mêmes et, quand certain s’en sortent avec un mal de gorge et quelques reniflements, d’autres finissent cloués au lit avec une fièvre de cheval. Une cruelle inégalité sur laquelle les scientifiques de l’université de l’Arizona se sont penchés et, d’après leur travaux, son origine remonterait aux premiers mois de notre vie. La génération à laquelle nous appartenons, et même notre année de naissance, déterminerait notre sensibilité plus ou moins grande à une souche donnée du virus saisonnier, conclut leur étude publiée par la revue Science et notamment relayée par le Guardian.
La réaction du système immunitaire. La première grippe que nous contractons au cours de notre vie laisse une "empreinte" permanente sur le système immunitaire. Si celui-ci, par la suite, offrira une solide défense contre les souches similaires, il aura beaucoup plus de mal à affronter les autres variantes du virus. "Ce n’est pas l’âge, mais l’année de naissance qui compte", résume dans le Guardian Michael Worobey, directeur du département d’écologie et d’évolution biologique de l’université d’Arizona.
Cibler les campagnes de vaccination. Une découverte qui pourrait permettre de déterminer les tranches d’âge les plus vulnérables en fonction de la souche à l’origine de l’épidémie saisonnière, et donc de mieux cibler les campagnes de vaccination, explique le scientifique. En effet, la grippe A, à l’origine de la plupart des pandémies saisonnières, se divise en deux grandes branches, rappelle le Guardian. Jusqu’en 1968, les différents virus de la grippe appartenaient à la branche 1, après cette date, et jusqu’à la fin des années 1970, le type 2 a dominé. Depuis trente-cinq ans, des souches issues des deux branches frappent plus ou moins alternativement chaque année.
Les grippes aviaires, une nouvelle menace. Les chercheurs se sont également penchés sur deux types de grippe aviaire, le H5N1 et le H7N9 qui appartiennent respectivement à la branche 1 et à la branche 2. Ils ont constaté que lorsque ces virus viennent à muter pour se transmettre à l’homme, le risque d’hospitalisation diminue de 75% et celui de décès de 85 % si la première grippe contractée par le malade dans sa vie appartient à la même branche que celle de la grippe aviaire attrapée. "Nous ne sommes pas des pages blanches face à ces souches émergentes de la grippe", note Michael Worobey, toujours dans les colonnes du quotidien britannique. Ceci expliquerait pourquoi H5N1 a tendance à faire plus de morts chez les jeunes, puisque les personnes nées après 1968 ont été moins exposées aux souches issues de la branche 1.
À ce stade de leur recherche, les scientifiques ignorent néanmoins si les vaccins actuellement inoculés aux enfants, et qui contiennent des composants issus des deux branches, offrent une protection égale contre les deux grands types de grippes.