"Vu du foie, le vin est bien de l'alcool", vu de la science aussi, soulignent des médecins dans une tribune publiée lundi dans Le Figaro à la suite de déclarations du président de la République.
"C'est la quantité d'alcool bue" qui compte. "Ce qui compte en termes de toxicité, c'est la quantité d'alcool bue", écrivent les neuf signataires engagés dans la défense de la santé publique et des "plus fragiles". La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, "s'est trouvée bien seule dans un gouvernement qui nie les évidences scientifiques et se montre plus sensible aux intérêts de l'alcool qu'à l'intérêt général", estiment-ils.
"Le vin représente près de 60% de la consommation d'alcool" relèvent les auteurs de cette tribune qui rappellent que "l'alcool tue près de 50.000 personnes par an" en France. Ils notent également que "les trois-quarts de la population consomment moins de deux verres par jour, mais le quart restant boit 75% de l'alcool commercialisé en France".
Des propos polémiques. Emmanuel Macron a confié le 22 février "boire du vin le midi et le soir" et assuré que, tant qu'il sera président, il n'y aurait pas "d'amendement pour durcir la loi Évin" restreignant la publicité pour les boissons alcoolisées. "Il y a un fléau de santé publique quand la jeunesse se soûle à vitesse accélérée avec des alcools forts ou de la bière, mais ce n'est pas avec le vin", avait-il aussi affirmé à des journalistes de la presse régionale en marge d'une rencontre avec des agriculteurs.
Un appel à élaborer un "Plan national alcool". Les signataires demandent aux élus et au gouvernement d'élaborer et d'adopter "un Plan national alcool". "Faute de quoi", ajoutent-ils, "force sera d'en appeler à l'opinion publique, qui à 60%, trouve la réglementation de l'alcool insuffisante". "Si le dossier alcool reste en l'état, immanquablement, lorsque demain les responsables auront à répondre devant la justice, ils ne pourront pas dire qu'ils ne savaient pas", concluent-ils.
Les signataires sont le Pr Michel Reynaud, président du Fonds action addiction, le président et le vice-président de l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (ANPAA), Nicolas Simon et Bernard Basset, la Dr Irène Frachon, pneumologue (Brest), Catherine Hill, épidémiologiste réputée ainsi que les professeurs Serge Hercberg (expert en nutrition) Amine Benyamina (psychiatre, addictologue), Albert Hirsch (Ligue contre le cancer) et Gérard Dubois (Académie de médecine).