Le virus Zika qui sévit en Amérique du Sud, fortement soupçonné de provoquer des malformations chez les bébés, nés de mères infectées, peut aussi déclencher un trouble neurologique grave, le syndrome de Guillain-Barré, selon une étude publiée mardi dans la revue médicale The Lancet.
Un syndrome lié aux virus. Il s'agit de "la première démonstration d'un lien entre le virus Zika et le syndrome de Guillain-Barré", souligne le professeur Arnaud Fontanet, responsable de l'unité d'Épidémiologie des maladies émergentes à l'Institut Pasteur à Paris, qui a coordonné l'étude. Cette dernière a été réalisée à partir de données recueillies en Polynésie française, où une épidémie Zika, entre octobre 2013 et avril 2014, a touché les deux-tiers de la population. Résultat : les 42 malades atteints du syndrome de Guillain-Barré avaient tous des traces du virus Zika.
Moins de séquelles. En revanche, le trouble neurologique, causé par Zika est différent de ce qui est connu habituellement : si le syndrome est plus sévère au départ, les personnes s'en sortent avec moins de séquelles. "Les patients sont atteints plus vite, souligne Arnaud Fontanet. Il n'y a eu que quatre jours entre le moment où ils ont eu des complications neurologique et le moment où ils ont dû être admis en soins intensifs. En revanche, une fois la phase aiguë passée, 57% pouvaient marcher sans assistance, ce qui est bien pour des syndromes de Guillain-Barré", précise le professeur.
La maladie provoque, dans 20 à 30 % des cas une défaillance respiratoire et, dans les pays riches, environ 5% de décès. Ce syndrome neurologique rare est observé à la suite d'autres infections virales (grippe, dengue, virus du Nil occidental...) mais également de façon non négligeable, à la suite d'une infection bactérienne (Campylobacter). Avec plus de 1,5 million de cas au Brésil, et plusieurs milliers ailleurs, dont déjà plus de 40.000 cas en Colombie, les chercheurs mettent en garde sur les risques de voir les capacités de soins intensifs dépassées, en particulier en dehors des cités urbaines, et notamment parce que ce type de malades restent hospitalisés plus d'un mois.
Prévoir des soins intensifs. "Dans les zones qui vont être touchées par l'épidémie de virus Zika, il faut penser, quand c'est possible, à renforcer les capacités en soins intensifs parce qu'on sait qu'un certain nombre de patients vont développer un SGB et parmi eux, 30% vont en avoir besoin, notamment pour une assistance respiratoire", dit le Pr Fontanet. Toutefois dans la grande majorité des cas, l'infection par le virus Zika, contre laquelle il n'existe ni vaccin, ni traitement curatif, est bénigne, rappelle l'épidémiologiste.
Paralysie. Le syndrome de Guillain-Barré (SGB), pouvant entraîner à la fois une paralysie des membres et une atteinte respiratoire, a été diagnostiqué chez 42 patients, dont 16 sont passés en réanimation pour avoir une assistance respiratoire. Aucun n'est mort. "Le risque de développer un syndrome de Guillain-Barré a été estimé à 2,4 pour 10.000 infections par le virus Zika", note le Pr Fontanet.