Une base militaire américaine enfouie sous la glace du Groenland pourrait refaire surface d'ici quelques dizaines d'années en raison du réchauffement climatique. Et Camp Century, qui date de la Guerre froide, comprend de nombreux déchets, dont certains radioactifs, selon une étude parue récemment dans la revue Geophysical Research Letter.
"Une centrale nucléaire". C'est en étudiant la fonte de la calotte glaciaire au nord-ouest du Groenland lors d'une expédition en 2010 que le climatologue William Colgan a fait une drôle de découverte. Sous ses pieds en effet gît une base militaire de 55 hectares abandonnée il y a 50 ans. L'endroit était alors stratégique puisqu'il permettait aux Américains de se rapprocher de l'URSS. Problème, les ingénieurs, pensant que les neiges recouvriraient éternellement les lieux, n'ont pas décontaminé le site lors de leur départ en 1967. "Tout le monde connaît l'existence de Camp Century. Les gens ont juste oublié ce qui a été abandonné ici. On a donc découvert qu'il y avait à l'époque une centrale nucléaire ainsi qu'une ligne de chemin de fer construite pour y déployer des missiles", explique le scientifique de l'université de Toronto à Europe 1.
Des produits qui vont se disperser. En fouillant dans les archives, William Colgan découvre que les Américains sont partis avec le réacteur nucléaire mais ont laissé sur place 200.000 litres de fuel, 240.000 litres d'eaux usées et l'enceinte de confinement du réacteur. Une situation qui pourrait s'avérer dangereuse à la fin du 21ème siècle, les déchets pouvant s'écouler dans l'océan Atlantique tout proche : "Quand on a regardé les simulations climatiques pour voir ce qui allait se passer, certains scénarios ont prédit que la glace allait fondre d'ici 75 ans, cela signifie que les produits seront dispersés. Personne n'a imaginé que le climat changerait à tel point que l'exposition du site serait inévitable".
Les États-Unis pas obligés de payer. Désormais, il faut donc envisager une décontamination de la base. Une opération qui pourrait s'avérer coûteuse pour le Groenland, sachant qu'aucune règle internationale n'oblige les États-Unis a payer pour dépolluer leur ancienne base militaire.