Incendies colossaux en Algérie, en Grèce ou Turquie, records de chaleur en Italie, pluies intenses en France au début de l'été… La météo continue de se dérégler sur fond de rapports scientifiques toujours plus alarmants. Le dernier en date, celui du Giec, les experts climat de l'ONU, alerte sur l'accélération du réchauffement climatique et des conséquences directes de ce dernier sur le court terme. Invité d'Europe 1 jeudi, Frédéric Nathan, prévisionniste à Météo France, estime que le monde entier est concerné par les phénomènes météorologiques extrêmes observés ces derniers mois. Ces derniers devraient s'amplifier.
La chaleur, "phénomène le plus marquant"
"Des records sont pulvérisés dans de nombreux pays du monde. Ce sont des choses jamais vues depuis que l'on fait des relevés météorologiques systématiques, donc depuis environ 150 ans", juge le spécialiste. Et pour lui, ces températures exceptionnelles enregistrées partout dans le monde sont vraiment la marque des temps actuels. "L'Europe n'a pas été la seule touchée, on pense également au Japon et puis surtout au Canada qui a pulvérisé les records en atteignant pratiquement les 50 degrés. C'est le phénomène le plus marquant", insiste-t-il.
Mais d'autres phénomènes météorologiques ont également été observés ces derniers mois. "Les inondations meurtrières de l'Allemagne en font partie. Mais dans ce cas précis, il faudra avoir plus de recul pour savoir si cela est réellement lié au réchauffement climatique", avance avec prudence le spécialiste.
La France jusque-là "épargnée"
Concernant ces records de chaleur justement, cet été aura été particulièrement marqué par des canicules inattendues. "Il n'y a pratiquement que la France qui a eu des températures un peu fraîches pour la saison. Ailleurs, c'est plutôt la chaleur que l'on a subie, en particulier sur tout le sud-est de l'Europe, où de nombreux records de températures ont été battus. Mercredi, le record absolu a été battu à Kairouan, en Tunisie, où il a fait 50,3 degrés et pour l'Europe à Syracuse, en Italie, où il a fait 48,8 degrés", a détaillé le prévisionniste.
Pour cette guide touristique sur l'Etna justement, cette chaleur en Italie est intenable. "On ne peut pas travailler ni même prendre la voiture. Normalement, à cette époque, il nous arrive de connaître un jour à 40 degrés, mais ça ne dure jamais. Cela fait presque dix jours maintenant que nous subissons ces températures, ce n'est pas normal", désespère-t-elle.
Vers de plus en plus de sécheresses
Alors que la France a justement connu un début de saison pluvieux, la Drôme et les Alpes-de-Haute-Provence ont été placées mercredi en vigilance orange canicule par Météo France en raison des températures élevées prévues ces prochains jours dans le sud-est du pays. Désormais, douze départements sont placés en vigilance orange. Cet épisode de canicule, même s'il n'est pas extrême, se poursuivra jusqu'en fin de semaine, dimanche compris.
"Tout le pays pourrait à terme être touché en fonction des fluctuations météorologiques", se projette Frédéric Nathan. "Il y a de fortes probabilités que les phénomènes extrêmes soient plus marqués dans les années à venir, en particulier les sécheresses. Mais également, comme on l'a vu Allemagne, des inondations."