C'est une créature présente sur terre depuis 500 millions à 1 milliard d'années, qui demeure encore bien mystérieuse. Le blob, de son vrai nom Physarum polycephalum continue de fasciner la communauté scientifique. Cet organisme unicellulaire est d'ailleurs en partance pour l'espace ! En effet, plusieurs blobs retrouveront l'astronaute Thomas Pesquet, qui doit rejoindre vendredi la station spatiale internationale, afin d'être l'objet de diverses expériences scientifiques. Mylène Durant, biologiste et spécialiste du Blob, présente cette créature et ses étranges pouvoirs, sur Europe 1.
Un voyage dans l'espace
"Ce n'est ni un animal, ni un végétal, ni un champignon. Il fait partie du règne des amibozoaires et plus précisément de la classe des myxomycètes, un groupe d'organismes encore méconnus", développe Mylène Durant, coupant court aux fausses rumeurs : le blob n'est pas un alien. "Il était là bien avant la séparation des continents, c'est un sacré terrien", plaisante-t-elle. Le Blob, qui tire son nom commun du film d'horreur des années 1950, est présent partout dans le monde, dans des milieux ombragés, car il supporte mal la lumière. Il y aurait environ "1.000 espèces de myxomycètes sur terre", indique la biologiste.
Et cet organisme intrigue et intéresse les scientifiques pour des propriétés particulières. Tout d'abord, le blob est quasi immortel. Il résiste au feu et à l'eau. "Il n'a pas de limites de longévité", explique Mylène Durant. "Certaines souches de blobs sont gardées depuis plus de 70 ans en laboratoire et les scientifiques, pendant ce laps de temps, n'ont pas détecté de signes de vieillissement". Une seule condition pour cette jeunesse éternelle : le mettre "en dormance" tous les deux à trois mois, ce qui permet de "remettre son compteur de longévité à zéro", poursuit-elle.
C'est sous cette forme que les blobs embarqueront pour l'espace en juillet prochain afin de participer à plusieurs expériences, menées sous l’égide du CNES et du CNRS à Toulouse. En parallèle, 2.000 classes d'élèves de la primaire à la Terminale ont été sélectionnées pour réaliser des observations similaires sur terre. Objectif : observer les déplacements de la créature dans un environnement sans pesanteur.
"Sur Terre, il va se développer sur des surfaces relativement planes, en deux dimensions", explique Mylène Durant. "Comme il sera dans une situation de micropesanteur, est-ce qu'il va se mettre à se développer en trois dimensions ? La question est ouverte." Pour les plus curieux, le CNES a mis en ligne le protocole de l'expérience à réaliser chez soi. Des kits sont notamment disponibles sur le site internet le Labo du blob.
Des propriétés utiles en médecine ?
Plus fascinant encore, le blob, s'il n'a pas de cerveau à proprement parler, est capable de mémoriser des erreurs pour ne pas les reproduire, notamment quand il s'agit de retrouver son chemin dans un labyrinthe par exemple. "Il y a par exemple une autre expérience très intéressante où on l'a entraîné à supporter des substances répulsives comme le sel", explique également Mylène Durant. "On a constaté qu'en laboratoire, on peut lui apprendre en six jours à franchir des ponts de sel pour obtenir de la nourriture." Le Physarum polycephalum peut même partager ses connaissances à un autre blob en fusionnant avec lui.
De telles pouvoirs pourraient trouver des applications dans la médecine. "Il est étudié en cancérologie pour ses propriétés de développement, qui sont très similaires à celles d'un cancer", énumère la biologiste. Il y a d'autres applications aussi : il est capable de coaguler très vite. Une équipe de scientifiques cherche à isoler l'enzyme responsable de cette coagulation éclaire pour pouvoir éventuellement sur des soins humains."