Gaëtan Dugas portait jusqu'ici la très lourde responsabilité d'être l'homme ayant introduit le virus du sida aux Etats-Unis. Une nouvelle étude génétique, communiquée la semaine dernière lors d'une conférence spécialisée à Boston, affirme que ce steward québécois n'est finalement pas le "patient zéro".
Une rumeur largement diffusée. L'information est rapportée par le magazine scientifique américain Science, et repérée par Sciences et Avenir. Cette triste réputation, Gaëtan Dugas la devait en partie au journaliste américain Randy Shilts, auteur du best-seller And the band played on en 1987, dans lequel il désignait le Canadien - mort en 1984 à l'âge de 31 ans - comme responsable de l'introduction du VIH aux Etats-Unis. Le steward, homosexuel sexuellement très actif, aurait contaminé, directement ou par personnes interposées, au moins 40 des 248 malades américains diagnostiqués avant avril 1982.
La date de contamination ne correspond pas. Un biologiste moléculaire de l’université d’Arizona a analysé la séquence génétique de souches virales VIH présentes dans des échantillons sanguins, collectés en 1978 et 1979, chez des hommes homosexuels et bisexuels à San Francisco et à New York. Ces séquences ont ensuite été comparées à celle du virus contenu dans un échantillon sanguin de Gaëtan Dugas, collecté en 1983. Grâce à ces éléments, les scientifiques sont capables d’estimer "le temps qui sépare plusieurs isolats viraux en fonction d’une sorte d’horloge moléculaire", explique Sciences et Avenir. L'étude indique alors que le virus a atteint New York aux alentours de 1970 et San Francisco vers 1975. Or, le génome viral de Gaëtan Dugas se situe entre les deux. Le génome du VIH qu’il hébergeait est proche de celui de souches virales qui circulaient à Haïti, où il s’était rendu en 1977.
Gaëtan Dugas n'a donc aucune responsabilité dans l'introduction ou dans la facilitation de la propagation du virus aux Etats-Unis.