Il y a cinquante ans, dans la nuit du 20 au 21 juillet 1969, l'homme marchait pour la première fois sur la Lune. Un événement qui a été suivi par près de 500 millions de téléspectateurs dans le monde. Pour marquer cet anniversaire, Alain Cirou, consultant scientifique d’Europe 1, et Jean-Philippe Balasse, ancien correspondant de la station aux États-Unis, publient Les Hommes de la Lune : les enfants de la génération Apollo aux éditions Seuil, dans lequel ils reviennent sur cet épisode historique.
"On vivait le passage d'un récit de fiction à la réalité", explique Alain Cirou au micro de Wendy Bouchard, dans Le Tour de la question, sur Europe 1. "Les hommes qui vont se poser sur la Lune, c'est une première, personne ne l'a jamais tenté. C'est quelque chose d'extraterrestre au sens propre." La séquence est entrée dans la légende : la longue descente du module, l'alunissage, les premiers pas de Neil Armstrong… et la fameuse phrase, "un petit pas pour un homme, un bond de géant pour l'humanité".
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Mais derrière la légende, se cachent aussi une multitude de petites anecdotes qui, longtemps, ont échappé au grand public…
Buzz Aldrin a dit la messe sur la Lune
Cet épisode n'a pas été retransmis à la télévision, mais le compagnon de Neil Armstrong a rendu grâce à Dieu une fois le module lunaire posé. "Il avait amené un petit calice, un peu de vin et une hostie. Il a fait tout seul la messe dans le LEM (Lunar Excursion Module, ndlr) pendant que Neil Armstrong préparait la sortie", raconte Alain Cirou. L'astronaute aurait notamment lu un passage de l’Évangile selon Saint-Jean. "Il y avait un côté profondément religieux chez les astronautes."
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Le premier drapeau déployé sur la lune est … suisse
L'image de la bannière étoilée plantée sur le sol lunaire est passée à la postérité. Mais c'est un autre pays qui a eu le privilège de voir ses couleurs être déployés sur notre satellite en premier. "Ce que l'on a réalisé d'abord, c'est une expérience scientifique qui cherchait à collecter les particules venant du soleil", indique Alain Cirou. "C'était fabriqué par un scientifique suisse, le professeur Johannes Geiss, qui avait demandé que Neil Armstrong déploie immédiatement ça, une fois sortie. C'était une sorte de petite épuisette… qui avait la forme d'un drapeau et, dedans, il y avait un petit drapeau suisse."
Kennedy avait demandé aux Soviétiques de se joindre aux Américains
C'est John Fitzgerald Kennedy qui a donné le coup d'envoi du programme lunaire, déclarant lors d'un fameux discours prononcé le 25 mai 1961 que les États-Unis devaient "s’engager à faire atterrir l’homme sur la Lune et à le ramener sur Terre sain et sauf avant la fin de la décennie". Une manière aussi de poursuivre la Guerre froide… hors-sol, les Soviétiques ayant pris une avance non négligeable en la matière sur les Américains.
Et pourtant, "il y avait un dessous des cartes", relève Alain Cirou. "Kennedy avait proposé aux Soviétiques d'y aller ensemble, par trois fois. La dernière fois que Kennedy a proposé ça à (Nikita) Khrouchtchev (qui dirigeait l'URSS à l'époque, ndlr), c'était quelques jours avant son assassinat à Dallas (le 22 novembre 1963, ndlr). (La conquête spatiale) était bien sûr une course, mais il y avait aussi l'idée d'une réconciliation." Cette réconciliation spatiale sera finalement concrétisée par le programme Apollo-Soyouz en 1975, qui voit la connexion, en orbite, d'un vaisseau soviétique et d'un vaisseau américain.
Le président Nixon avait préparé un discours en cas de scénario catastrophe
Et si rien ne s'était passé comme prévu ? La mission étant très périlleuse, les Américains s'étaient préparés au pire. "On aurait commencé par couper les communications publiques entre Houston et la Lune, et puis on aurait convié un prêtre" pour qu'il puisse s'entretenir avec les astronautes, explique Alain Cirou.
De son côté, le président Nixon avait déjà rédigé l'éloge funèbre de l'équipage, un texte baptisé "En cas d'un désastre lunaire". "On a souvent demandé aux astronautes s'il y avait du cyanure à bord, en cas de difficultés. Buzz Aldrin répondait : 'C'est simple, il aurait suffi d'ouvrir la porte'", rapporte notre spécialiste.