Sonnés par l'élection de Donald Trump, des milliers de scientifiques et défenseurs de la science sont attendus samedi à Washington et à travers le monde à l'occasion d'une marche pour défendre la recherche scientifique, jugée essentielle pour le progrès de l'humanité.
Trump pas visé directement. Les organisateurs de cette mobilisation, qui coïncide avec la Journée mondiale de la Terre, expliquent qu'elle ne vise pas Donald Trump et le parti républicain en particulier mais cherche surtout à défendre la rigueur, la démarche scientifique et le rôle-clé de la recherche dans l'élaboration des politiques publiques. "Ceux qui ont organisé cette marche insistent sur le fait qu'elle n'est pas politique et ne cible pas des responsables gouvernementaux en particulier", a expliqué Rush Holt, président de l'Association américaine pour l'avancement de la science (AAAS), plus grande organisation scientifique généraliste, forte de 120.000 membres, qui publie entre autres la prestigieuse revue Science.
"Impact négatif sur la recherche médicale". "Les scientifiques se rendent compte depuis ces dernières années (...) que les faits scientifiques sont trop souvent ignorés dans les débats publics pour être remplacés par des opinions et des croyances idéologiques", a expliqué à l'AFP ce scientifique nucléaire et ancien élu démocrate de la Chambre des représentants. "Et ils ont finalement compris que s'ils n'intervenaient pas publiquement, la science serait de plus en plus battue en brèche et que le public en pâtirait", a ajouté Rush Holt, citant "l'impact négatif sur la recherche médicale, la croissance économique et pire encore les dommages au climat terrestre et à l'environnement".
Idée née avec la Marche des femmes. Il pointe aussi le fait que les préoccupations quant à la place accordée à la science aux Etats-Unis remontent à plusieurs décennies alors que le budget fédéral consacré à la recherche est actuellement moins de la moitié de ce qu'il était dans les années 1960 en pourcentage du PIB. L'idée de la Marche est née dès le jour qui a suivi l'investiture de Donald Trump, avec la Marche des femmes pour la défense des droits civiques, le 21 janvier. Cette manifestation a mobilisé plus de deux millions de personnes dans le monde, dont plus de 500.000 à Washington.
Prêt de 500 manifestations attendues dans le monde. "Les scientifiques qui y participaient ont commencé spontanément à se regrouper", a expliqué Rush Holt. Plusieurs se sont ensuite mobilisés sur les réseaux sociaux pour organiser cette manifestation pour défendre la science. Le rassemblement à Washington est prévu samedi à partir de 8H00 locales (12h00 GMT) sur l'esplanade du National Mall, à deux pas de la Maison Blanche, où plusieurs intervenants s'adresseront aux manifestants. Un défilé qui commencera en début d'après-midi en direction du Capitole, siège du Congrès, clôturera cette mobilisation.
Près de 500 autres manifestations sont également prévues à travers les Etats-Unis et dans le monde, notamment au Canada, au Mexique, au Brésil, au Nigeria, en Corée du Sud et dans nombreux pays européens. En France, treize villes prévoient des marches.