Exit Gmail, Google drive et autre Word à l'école ? Les outils issus des GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft, ou GAMAM depuis le changement de nom de "Facebook" pour "Meta"), en particulier Microsoft et Google, sont dans le viseur du ministère de l’Éducation nationale qui souhaiterait qu’élèves et professeurs se tournent davantage vers des services numériques français. Les raisons ? L’absence de garanties en matière de protection des données, et la concurrence déloyale opérée par ces géants américains qui offrent des services gratuits.
Des données insuffisamment protégées
Le ministère de l’Éducation nationale a dévoilé la semaine dernière une consigne étonnante, en répondant à la question d’un député MoDem, Philippe Latombe, dans le Journal Officiel. La rue de Grenelle a donc demandé aux établissements scolaires "d'arrêter tout déploiement ou extension" des outils Microsoft Office 365, téléchargeables gratuitement, ainsi que les services équivalents sur Google. Ces géants américains menacent la souveraineté numérique française, selon le ministère. Et au-delà de savoir si ce combat est perdu d’avance, la Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés (Cnil), l’autorité de protection des données, affirme en tout cas qu'il s'agit d'une réflexion urgente à avoir.
"Il peut y avoir des informations sensibles sur des données relatives à la santé des personnes, ou sur le comportement d’un élève", détaille au micro d'Europe 1 Thomas Dautieu, directeur de l’accompagnement juridique à la CNIL. "L'idée n'est pas d'interdire ad vitam eternam les outils américains, mais pour l'instant, ils ne sont pas aux standards de ce qu'on peut attendre en matière de protection des données."
"Les GAFAM utilisent l'école pour recruter leurs futurs consommateurs"
L’Éducation nationale reproche également à Microsoft et Google d’offrir leurs services gratuitement. Et d’opérer, ainsi, une concurrence déloyale vis-à-vis des entreprises françaises. "Les GAFAM utilisent l'école pour recruter leurs futurs consommateurs, donc il me paraît essentiel d'être prudent dans leur utilisation à l'école", analyse de son côté Jean-Yves Hepp, président de Unowhy, leader du numérique en France dans le domaine de l'éducation. "Pour autant, il ne faut pas que le ministère remplace les entreprises en mesure de développer des outils au moins aussi bien que les outils américains", souligne-t-il. Pour l’instant, peu d’alternatives françaises existent sur le marché.