Plus de 4.500 tweets à son retour sur terre, et des milliers de clichés de la planète vue depuis la Station spatiale internationale (ISS). Thomas Pesquet, l’astronaute français qui vient de passer 196 jours dans l’espace, a tout juste atterri dans les plaines du Kazakhstan vendredi à 16h10, heure française. Le spationaute inonde littéralement les réseaux sociaux de ces photos de la planète bleue. Mais est-il parti uniquement pour immortaliser tous les régions de planète ? Pas vraiment, puisque le photographe spatial, qui ne manque pas de matériel, avait pour mission de mener de nombreuses expériences biologiques, scientifiques, médicales.
Un astronaute connecté. Il a littéralement changé l'image du cosmonaute super-héros. Thomas Pesquet a partagé son quotidien avec des centaines de milliers de Terriens. En champion de la communication de l'Agence spatiale européenne (ESA), il a publié une vingtaine de tweets par jour. Ainsi, il décrivait le contenu de ses missions sur son blog, commentait ses photos de la planète sur les réseaux sociaux, partageait de la musique sur Ouest-France. Il a d'ailleurs indiqué à franceinfo que "la recherche qu’on fait ici, c’est pour que ce soit utile. Donc, je trouve important de l’expliquer, d’en parler aux gens".
On en manque pas d’appareils photo sur l’ISS! On les range à mi-chemin entre les 2 modules qui ont les meilleurs hublots ⚡ pic.twitter.com/JsanMoc1V2
— Thomas Pesquet (@Thom_astro) 10 janvier 2017
Le quotidien "banal" d'un cosmonaute. Thomas Pesquet a donc donné à ses abonnés du monde entier la possibilité de vivre, jour après jour, en immersion dans l'ISS. Avec les tuiles du quotidien par exemple, quand il a dû réparer les toilettes deux jours après son arrivée. Il raconte sa routine sur son blog. "Mon odorat s’est considérablement amoindri", écrit-il dans l'un de ses premiers articles. "Le véhicule ravitailleur russe qui était censé nous ravitailler, mais aussi repartir avec nos déchets, n’est jamais arrivé. Résultat, nous accumulons des choses pas très propres. Alors, même si nos déchets alimentaires et nos excréments sont confinés dans des sachets hermétiques, on sent parfois de petites odeurs."
J’ai l’impression d’être dans @BigBangTheory! Hier avec @AstroPeggy on a passé une bonne partie de la journée à réparer les toilettes pic.twitter.com/oiOEnHZM9p
— Thomas Pesquet (@Thom_astro) 23 novembre 2016
Le Centre national d'études spatiale (CNES) a mis en ligne la journée type de Thomas Pesquet sur son site. "6h/6h30 : le réveil sonne pour Thomas Pesquet. Il dispose ensuite d’une heure environ pour s’extraire de son sac de couchage attaché à un mur ou au plafond de sa cabine, faire sa toilette grâce à des lingettes spéciales, prendre son petit déjeuner et s’imprégner du programme de la journée envoyé par le centre de contrôle dans la nuit", peut-on lire.
Les pouces verts de la Station, c’est @AstroPeggy! Elle s’occupe de nos laitues pour l’expérience VEGGIE - et oui, on les mange! #àtablepic.twitter.com/uCFvXVVUjl
— Thomas Pesquet (@Thom_astro) 22 février 2017
Ensuite, une matinée d'expériences. Il est précisé qu'il consacre "50% de son temps à la recherche scientifique". Pour se nourrir, Thomas Pesquet mange généralement des produits lyophilisés préparés par des chefs. Mais dans la station, les astronautes cultivent des salades et sont parfois autorisés à les consommer. Le but : permettre la culture de plantes pour les longs voyages, source d'oxygène et de bien être pendant les 18 mois de route pour Mars. Après sa courte pause déjeuner, le cosmonaute va effectuer des travaux de maintenance ou de logistique dans la station. De 17h à 19h, séance de musculation pour rester "dans de bonnes conditions physiques". Une fois le dernier rapport envoyé avec les équipes au sol, les astronautes ont quartier libre, comme le weekend, pour des activités individuelles (journal de bord, correspondance avec leurs proches) ou collectives (dîner ensemble, visionnage de film).
Des expériences scientifiques et médicales. Les expériences sont donc "l'activité numéro 1" d'un astronaute, rapporte-t-il sur son blog. Elles touchent plusieurs domaines : médecine, biologie, physique, sciences des matériaux, des fluides... Il y a bien une raison : l'absence de gravité dans l'ISS qui permet de réaliser des expériences impossibles à faire sur Terre. "Les bactéries sont en principe beaucoup plus virulentes. On en prend avec nous plusieurs souches pour les soumettre à l’environnement spatial, et on les observe". Certaines vont grandir et se multiplier, les autres vont rester "molles". "Si cette bactérie ne 's’agite' pas plus que ça dans l’espace, il n’y a quasiment aucune chance qu’elle soit dangereuse sur Terre", expose Thomas Pesquet, de manière très pédagogique. Ainsi, cette bactérie devient "une candidate très sérieuse à un futur vaccin".
Optimiser les analyses sur le corps humain. Dans des vidéos, Thomas Pesquet montre quelles recherches il a réalisées. Par exemple, AQUAPAD, une expérience en microbiologie, qui va "faciliter la vie des astronautes" en permettant de valider une analyse de l'eau en 30 secondes au lieu des 2h30 actuelles, selon le CNES. Pour un autre travail scientifique sur onze jours, l'astronaute a dû suivre un régime strict les deux premiers jours, puis a pu manger ce qu'il voulait les neuf autres, tant qu'il scannait les codes-barres de tout ce qu'il a ingurgité. Dans le même temps, Thomas Pesquet devait boire de l’eau contenant du deutérium (isotope de l’hydrogène). "L’analyse d’échantillons d’urine permettra alors de montrer l’évolution de la consommation et de la dépense énergétique sur les 11 jours de l’expérience", précise l'ESA sur son blog.
Il faut souffrir pour aller dans l’espace! @AstroPeggy en train de mesurer ma pression oculaire pour l’expérience scientifique Fluid Shifts pic.twitter.com/CFXx5TCcCb
— Thomas Pesquet (@Thom_astro) 16 janvier 2017
Les résultats permettront de comprendre comment nourrir les équipages de missions spatiales de longue durée, notamment pour les 18 mois de voyage pour se rendre sur Mars. Ils sont aussi les cobayes d'expériences sur la pression des yeux, du cerveau ou des flux sanguins tout au long de leur séjour dans la station avec des prises de sang, des tests occulaires.
Une partie de la structure principale de l’ISS. Le ⚪en haut, vers la gauche? C’est la porte du sas par laquelle on sortira demain…! #Proximapic.twitter.com/9RZRybEcmQ
— Thomas Pesquet (@Thom_astro) 12 janvier 2017
Des sorties dans l'espace. Les astronautes de l'ISS doivent également sortir régulièrement de la station pour l'entretenir ou mener des expériences - on parle de sortie "extravéhiculaire". Cela signifie que les astronautes quittent la station mais sont physiquement reliés à elle par un câble de liaison, vêtu d'une combinaison et d'un scaphandre, pour des missions de maintenance. Le 12 janvier dernier, Thomas Pesquet effectuait sa première sortie dans l’espace. Il a dû brancher trois des six batteries lithium-ion utiles pour le bon fonctionnement de l’ISS. Elles sont conçues pour durer jusqu’en 2024 au moins et permettent à la station de fonctionner quand elle se trouve dans l’ombre de la terre et que les 2.500m² de panneaux solaires ne servent à rien.