On l'appelle CRISPR-Cas9. Ce sigle pas vraiment facile à dire est une nouvelle technique de modification du génome, développée par deux scientifiques dont une française. Fabrice Chrétien, chercheur sur les cellules souches et directeur d'unité à l'institut Pasteur, a plaidé pour cette nouvelle méthode controversée mardi matin sur Europe 1.
Qu'est ce que le CRISR-Cas9 ? Fabrice Chrétien décrit une technique "simple". "Il s'agit d'un ciseau, c'est une technique de chirurgie du gène qui permet de couper dans le génome une séquence malade ou qui nous intéresse, pour l'enlever et éventuellement la remplacer par une autre", explique le chercheur. "On avait la possibilité de faire cet excision génique depuis longtemps, mais la c'est la simplicité de l'outil qui est absolument révolutionnaire", s'enthousiasme-t-il.
Un espoir dans le traitement des maladies. La technique ouvre notamment des espoirs dans le traitement de maladie. "Le coté obscur de la force, c'est la manipulation du génome donc on pense à l'eugénisme. Mais le génie génétique permet par exemple aujourd'hui de fabriquer de l'insuline, pour avoir une insuline qui est humaine, produite par des bactéries", souligne Fabrice Chrétien, précisant que cela s'applique à d'autres médicaments. La thérapie génique permet également de corriger des anomalies génétique après la naissance : "il y a plus de mille essais qui sont actuellement en cours", a-t-il indiqué.
Des risques d'eugénisme. Une technique qui reste principalement utilisée pour les organismes unicellulaires et les animaux. En avril dernier une équipe chinoise a cependant publié des travaux sur des embryons humains. "Cela a défrayé la chronique, puisqu'en fait ils ont modifié le génome d'embryons humains ce qui est interdit par la convention d'Oviedo". Car ce qui est réalisable avec les animaux aujourd'hui, est réalisable sur l'homme. "Il va falloir que le législateur encadre très précisément ce qu'il est possible de faire sur des cellules humaines pour transformer le matériel", prévient le chercheur, sans pour autant "tout interdire". Ce n'est cependant pas la technique qui apporte le risque selon lui. "Le risque existait avant, mais là c'est plus simple, donc le risque augmente", admet le scientifique.