"Disparition catastrophique", le constat de deux réseaux de suivi des oiseaux est sans appel. Les volatiles "disparaissent à une vitesse vertigineuse" du territoire français ces quinze dernières années, selon un communiqué commun du Muséum national d'Histoire naturelle (MNHN) et le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), publié mardi.
Deux études pour un même bilan. Selon ces deux institutions qui ont mené deux études parallèles, "les oiseaux des campagnes françaises disparaissent à une vitesse vertigineuse. En moyenne, leurs populations se sont réduites d'un tiers en quinze ans." S'il s'agit d'une tendance depuis 25 ans, le rythme de disparitions s'est accéléré ces deux dernières années. Un constat d'autant plus fiable qu'il provient de deux réseaux de surveillance distincts établi selon des protocoles différents. Le programme STOC rassemble les observations d'ornithologues professionnels et amateurs tandis que celui du CNRS a défini une "zone-atelier" étudiée depuis 1994.
D'une agriculture plus rentable à une disparition des oiseaux. Selon les chercheurs, l'une des causes de cette dépopulation des oiseaux de campagnes serait l'intensification des pratiques agricoles avec "la fin du recours aux périodes de jachères (...), la reprise du suramendement au nitrate permettant d’avoir du blé surprotéiné et à la généralisation des néonicotinoïdes", selon le communiqué.
Le recours accru à ces insecticides, par ailleurs au cœur d'une large controverse, aurait conduit à la baisse de la population d'insectes depuis les années 2000, selon des observations prudentes des scientifiques. "Or de nombreuses espèces d’oiseaux granivores passent par un stade insectivore au début de leur vie", à explique Christian Pacteau, référent pour la biodiversité à la Ligue de protection des oiseaux (LPO), au Monde.
Un environnement dégradé. Par ailleurs, cette baisse de la population des oiseaux dans les campagnes serait le signe d'une dégradation plus large de l'environnement. "Il y a moins d’insectes, mais il y a aussi moins de plantes sauvages et donc moins de graines, qui sont une ressource nutritive majeure pour de nombreuses espèces", relève pour le quotidien Frédéric Jiguet, professeur de biologie de la conservation au Muséum et coordinateur du réseau d’observation STOC. Une situation que l'on retrouve également dans le reste de l'Europe.