105 entreprises allongent le congé second parent : “La parentalité a une place dans la carrière, qu’on soit un homme ou une femme”

sylvie chartier 2:45
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Séverine Mermilliod , modifié à
105 entreprises se sont engagés dans une charte à allonger le congé second parent à au moins quatre semaines rémunérées. L'entreprise Aviva est précurseur sur le sujet, puisqu'elle a mis en place un congé similaire de dix semaines dès novembre 2017, rappelle Sylvie Chartier, ​directrice inclusion et bien-être au travail chez Aviva France.
INTERVIEW

La législation française ne prévoit que onze jours de congé paternité... Trop peu pour 105 entreprises françaises qui ont signé une charte proposant, à la naissance d’un enfant, au moins quatre semaines de congé entièrement rémunérées au second parent. Sylvie Chartier, ​directrice inclusion et bien-être au travail chez Aviva France, présente sur Europe 1 l'intérêt de ce congé, déjà lancé dans son entreprise depuis deux ans et demi et qui dure même dix semaines. 

"C'est un congé pour le second parent de dix semaines, à prendre dans les six mois qui suivent l'arrivée ou l'accueil d'un enfant, puisque cela concerne la naissance mais aussi l'adoption", détaille la directrice. "C’est payé normalement, la rémunération de base est maintenue". Aviva a été pionnière dans le domaine, en ayant proposé ce dispositif dès novembre 2017. Sylvie Chartier s'estime donc heureuse que "la démarche soit suivie par d’autres entreprises", telles que les 105 signataires de la charte du "Parental Act". 

Egalité hommes-femmes, équilibre vie privée-vie professionnelle

Mais pourquoi avoir mis en place ce congé ? "Ce n’est pas qu’une histoire d’absence et de remplacement. Il s'agit de mettre la parentalité à sa juste place dans l’entreprise", précise Sylvie Chartier. Une manière de travailler sur l'équilibre entre vie privée et vie professionnelle, selon elle, mais aussi sur l’égalité professionnelle. "Puisqu'on sait qu'à compétences égales, entre un homme et une femme, il pourra malheureusement être tentant de privilégier une candidature masculine à une candidature féminine." Une discrimination qui est, rappelons-le, illégale.

"La parentalité a une place dans la carrière, qu’on soit un homme ou qu’on soit une femme", insiste donc la directrice inclusion et bien-être au travail.

Pour autant, selon Jean-Eudes Dumesnil, secrétaire général de la Confédération des petites et moyennes entreprises, toutes les entreprises ne peuvent pas se permettre un tel congé, par exemple une TPE qui n'aurait que peu de salariés. Mais selon Sylvie Chartier, "on a tous besoin, quelque soient nos organisations, de réfléchir à l'intégration de la parentalité dans l'entreprise", puisqu'on "a tous les mêmes droits, la discrimination étant pénalement proscrite."

Après deux ans et demi, les effets de ce congé parentalité plus long pour le second parent se mesurent et se voient, assure-t-elle. "Ce n’est pas une histoire de coût : c'est une histoire d'organisation, de motivation au travail. Quand un collaborateur sait qu'il peut prendre du temps pour se consacrer à sa vie de famille, il est aussi plus présent quand il est sur place dans l'entreprise."