"Des cicatrices qui sont là pour la vie." Après cinq semaines la cour d'assises spéciale de Paris va achever d'entendre ce vendredi les témoignages des parties civiles du tentaculaire procès des attentats du 13-Novembre. De longues journées intenses et douloureuses qui ont permis aux victimes du Stade de France, des terrasses parisiennes, du Bataclan de s'exprimer. Sans oublier les proches des personnes décédées. Plus d'un mois de récits au cours duquel l'ampleur du traumatisme vécu a pu être touché du doigt.
"Des troubles post-traumatiques, des dépressions, des idées suicidaires, des addictions"...
"Ce qui était bien sûr très désarçonnant, c'était la passivité : ça représentait en quelques heures plusieurs milliers de blessés psychiques", explique au micro d'Europe 1 le psychiatre Thierry Baubet, qui doit témoigner devant la cour ce vendredi. "Il y a des troubles post-traumatiques, des dépressions, des idées suicidaires, des addictions, et d'autres troubles anxieux."
Et le spécialiste de poursuivre : "Un an après les événements, on n'avait vu que parmi les personnes au Bataclan souffrant de troubles post-traumatiques, la moitié n'avaient aucun suivi alors qu'il s'agit de troubles qui gênent considérablement la vie quotidienne. Et on ne parle pas de troubles bénins, il faut quelques mois, voire quelques années pour aller mieux, ce sont des cicatrices qui sont là pour la vie."
Par ailleurs, le psychiatre tient à mettre les points sur les i en ce qui concerne l'utilisation du mot traumatisme. "J'ai pu lire à certains endroits en 2015 'Paris est traumatisée, la France est traumatisée', c'est un abus de langage. On devrait réserver ce terme aux victimes, aux témoins et aux personnes endeuillées lors de ces événements."