2:00
  • Copié
Jean-Rémi Baudot, édité par Pauline Rouquette , modifié à
Alors que le gouvernement souhaite honorer les soignants lors du défilé du 14 juillet, le Professeur Stéphane Dauger, chef du service réanimation pédiatrique à l'hôpital Robert Debré (Paris), estime que cette initiative est un "mépris total du travail des soignants depuis plusieurs mois".
TÉMOIGNAGE

En France, la pandémie de coronavirus a causé la mort de plus de 27.000 personnes, donc 83 en 24 h, mercredi. Plus de 58.600 patients ont néanmoins été guéris grâce au travail des soignants. Des personnels que le gouvernement entend mettre à l'honneur lors du prochain défilé du 14 juillet. Ceux-ci pourraient en effet se voir décorés de la légion d'honneur, de la médaille de l'ordre national du mérite, mais aussi de la médaille de l'engagement, créée à l’occasion de l’épidémie de choléra qui avait frappé la France en 1884.

"Nous nous battons pour l'hôpital public, pas pour des médailles"

Lors du Conseil des ministres, mercredi, la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, a affirmé la volonté d'Emmanuel Macron de faire de cette fête nationale "une occasion supplémentaire de manifester l’hommage et la reconnaissance de la Nation à tous ceux qui se sont engagés dans la lutte contre le Covid-19".

"Je pense qu'on se moque de nous", réagit le Professeur Stéphane Dauger, chef du service de réanimation pédiatrique de l'hôpital Robert Debré à Paris. "Ce ne sont pas des médailles, des primes ou des dons de vacances qui vont répondre à nos besoins", poursuit-il. "Nous nous battons pour l'hôpital public, pas pour nous, pas pour des médailles".

Pour lui, ces initiatives bien maigres, qui relèvent exclusivement du symbole, sont un mépris total du travail des soignants depuis plusieurs mois. "Si d'autres choses plus importantes que ça étaient entendues, mises en route, avancées, comme la revalorisation salariale pour les plus bas salaires, dans le seul objectif de maintenir à l'hôpital public des ressources compétentes nécessaires, on pourrait discuter de tous ces gestes-là, qui permettraient de renforcer l'image de l'hôpital public au niveau de la nation. Mais on n'en est pas là".

"Pas la moindre main tendue pour des négociations salariales"

"On nous sert et on nous bassine avec ça alors qu'on n'a pas eu la moindre main tendue pour commencer des négociations salariales", abonde le Professeur Stéphane Dauger. "Et je ne parle pas de la fermeture des lits, je ne parle pas de la gouvernance...On est déconnectés de la réalité !"

Aujourd'hui, les soignants sont toujours en attente d'un nouveau plan hôpital, récemment promis par le président français Emmanuel Macron. Les primes (pouvant atteindre jusqu'à 1.500 euros) prévues par le gouvernement pour répondre aux besoins des soignants n’ont pas encore été versées. Promises fin mars par le chef de l'État, elles seront versées "dans les prochaines semaines", probablement "sur les paies de mai ou de juin", a déclaré la porte-parole du gouvernement. "Le décret est sur le point d'être signé".