Les festivités du 14-Juillet auront un goût particulier cette année. En raison de la pandémie, le traditionnel défilé des Champs-Elysées sera remplacé par une cérémonie militaire place de la Concorde, assortie d'un hommage aux soignants. La police nationale sera elle aussi à l'honneur. Parmi les agents qui la représenteront, il y aura Claire Laurent, Rachid Akhaza, Ludovic Savigny, et Louis, qui a préféré ne pas donner son nom de famille. Tous quatre élèves officiers, ils ont été rattrapés en plein stage par la pandémie de Covid-19 et ont été mobilisés avant même leur sortie d'école. Au micro d'Europe 1, ils ont accepté de raconter ce que représente pour eux ce défilé particulier du 14-Juillet, entre la crise sanitaire et les critiques et accusations visant l'institution.
Claire Laurent, 24 ans, en stage au commissariat de Dijon
"C’est vraiment une grande fierté de défiler. C’est important pour redorer l’image de la police, souvent dénigrée. Il faut rappeler que la police est là pour les citoyens, et montrer que tous ensemble, chacun à notre place, on a participé à résoudre cette crise. En tout cas à la gérer le mieux possible.
On a commencé nos stages début mars. Deux semaines après, le confinement a été annoncé. Il a fallu réagir vite, et s’adapter à la situation. Du coup on était sur le terrain avec les effectifs pour faire des 'patrouilles Covid'. On allait voir les gens pour vérifier que leurs attestations étaient bien remplies. C’était vraiment une expérience particulière… Mêmes les collègues qui étaient là depuis longtemps, c’était la première fois qu’ils vivaient ça ! On avait la responsabilité de faire respecter le confinement, de protéger l’ensemble des concitoyens. Et c’est ce que l’on a fait."
Rachid Akhaza, 38 ans, en stage au commissariat du 14e à Paris et policier depuis 15 ans
"C’est assez difficile de passer du statut de héro à une remise en cause. Heureusement, on ne fait pas ce métier-là pour la reconnaissance. On relativise les situations, et puis on fait avec.
Je suis d'origine marocaine, cela fait 15 ans que je suis dans la police, en tant que gardien puis brigadier. Je n’ai jamais vécu le racisme en direct. J’ai déjà entendu parler de propos ou de situations, mais très rapidement cela a donné lieu à un recadrage. Dans mes fonctions par contre, il y a eu des citoyens qui ont refusé de me parler ou d’écouter mes instructions parce que j’étais un fonctionnaire de police de couleur et qu’ils voulaient parler à un fonctionnaire de police blanc. La police est mixte, il y a des gens de couleur, de sexualités différentes… Tout le monde a sa place. Moi je suis fier de ce que je suis devenu. Etre officier de police c’est très important pour moi."
Ludovic Savigny, 34 ans, en stage à Nice et policier depuis 8 ans
"Le défilé est d'autant plus important cette année qu'il faut rétablir à sa juste valeur l’image de la police nationale. C’est un honneur et une fierté pour nous de défiler. Mais on a une responsabilité supplémentaire car l'on se doit d’être exemplaire.
Forcément les critiques visant l'institution nous touchent. Quand la police est attaquée, c’est le policier qui est attaqué. Mais cela ne change en rien mon engagement. Cela le renforce plutôt, car cela me donne envie d’être encore plus exemplaire sur le terrain pour montrer aux citoyens que malgré les critiques et tout ce que l’on peut dire sur la police, on sera toujours là quand les gens auront besoin de nous. Chaque citoyen le sait on fond de lui : si un jour il en a besoin, il fera le 17 et la police répondra peu importe ce qu’il a dit."
Louis, 26 ans, en stage au commissariat de Versailles
"C’est une entrée en fonction qui est spéciale, on a tout de suite été mis dans le bain. C’est assez responsabilisant mais finalement c’était un épisode inédit, donc policier débutant ou pas, en réalité, on était tous débutants face à la crise. Personne n’avait jamais vécu ça. Il y a eu quelques balbutiements mais au final cela s’est bien passé. Et il y a eu beaucoup de solidarité entre les collègues, pour aider ceux qui avaient des enfants sans possibilité d’être gardés ou dont les écoles étaient fermées. D’un point de vue professionnel j'en garde un souvenir ému."