Ce plan pourra être "financé grâce à un rééquilibrage des redevances payées par les acteurs professionnels, au premier rang desquels l'agriculture intensive", souligne l'association de défense des consommateurs. L'UFC, qui a analysé les données de l'Observatoire national des services publics d'eau et d'assainissement, "sonne l'alarme sur le niveau considérable des pertes d'eau potable et la faiblesse des mesures prises pour y remédier", au moment où "l'eau doit être plus que jamais économisée". "De nombreuses agglomérations montrent qu'il est possible" de maîtriser les fuites, souligne l'enquête : Cholet (0%), Saint-Malo (0,9%), Saint-Brieuc (1,3%), Fréjus (2,1%).
Un milliard de m3 d'eau perdu par an
Mais sur l'ensemble de la France, un litre sur cinq distribués (19,9%) est perdu, soit un milliard de m3 par an, équivalent à la consommation cumulée de Paris, Lyon, Marseille, Lille, Toulouse, Bordeaux, Nice, soit 18,5 millions d'habitants, souligne l'UFC-Que Choisir. Douze agglomérations ont des taux de fuites supérieurs d'au moins 10 points à la limite légale de 15%, fixée en 2012. Un litre sur trois disparaît même à Évreux (35,5%), Aix-les-Bains (30,5%), Cavaillon (30,3%), Amiens (30,3%) et Sens (30%), selon l'association.
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Pour les communes rurales, l'autorisation peut monter à 35%, du fait de leurs budgets limités, réseaux ramifiés et étendus etc. Mais, dans les faits, c'est un litre sur deux perdu dans environ un quart des communes de moins de 1.000 habitants. L'association "presse" donc les pouvoirs publics de renforcer les aides venues des Agences de l'eau aux collectivités prioritaires, et d'augmenter le budget des Agences en relevant les redevances prélèvement payées par les acteurs professionnels.
En 2023, les aides venues des Agences de l'eau sont "limitées en raison de l'inéquité des contributions des différents acteurs" : les utilisateurs de l'eau sont censés contribuer en proportion de leurs pollutions et des volumes qu'ils prélèvent, mais la contribution de l'agriculture intensive est comprise entre 2% et 15% alors qu'elle représente 48% des consommations nettes (et au moins 80% en été).
Développer des techniques jusqu'aux petites communes
"Si l'on ajoute les montants que l'agriculture devrait payer pour les pollutions dont elle est responsable, cela représente un manque de financement considérable pour les agences de l'ordre de 1,6 milliard d'euros par an", estime l'UFC-Que Choisir.
"Dans le cadre du plan Eau, le président de la République a bien évoqué le sujet des fuites, mais pour proposer des mesures dérisoires. Alors que les experts exigent 2,5 à 3 milliards annuels, le président a annoncé 180 millions, abondés par une augmentation des redevances payées en grande partie par les consommateurs et ciblés sur les plus petites communes... bref, une goutte d'eau!", souligne encore l'association.
Enfin, il faudrait développer l'appui technique des départements aux petites communes. L'aide des services de l'État en matière d'ingénierie (connaissance de l'état des réseaux, maîtrise d'ouvrage...) a été supprimée en 2016, laissant les plus petites communes démunies, déplore l'enquête. Selon elle, le réseau est composé à 55% de canalisations en matériaux fragiles (fonte grise, PVC collé, amiante-ciment), et pour partie très ancienne. En 2019, les Assises de l'Eau ont fixé un objectif de renouvellement de 1% par an, mais en 2023 le taux réel est de 0,67%: à ce rythme, il faudrait 150 ans pour renouveler le réseau, quand ces matériaux durent 50 à 80 ans, note l'UFC.