Cette mobilisation devait être "historique". Ce jeudi, le personnel éducatif s'est mis en grève pour dénoncer les mesures sanitaires "ingérables" annoncées par Jean-Michel Blanquer, puis allégées par Jean Castex. Près de 78.000 enseignants et autres personnels de l'Éducation nationale sont descendus dans les rues.
8.200 manifestants à Paris
Une chose est sûre : il n'y avait pas foule dans les manifestants. Quelques milliers de personnes sont descendues dans les rues dans plusieurs grandes villes de France, environ 3.000 à Rennes, à Bordeaux, à Marseille et plus de 1.000 à Clermont-Ferrand et à Lille. Dans le centre de Paris, ils étaient 8.200 enseignants, personnels éducatifs, parents d'élèves et étaient particulièrement remontés contre les protocoles sanitaires qui se succèdent.
"On en est au 50ème protocole. On n'arrive plus à y voir clair. Dès qu'on applique un protocole, deux jours plus tard, il y en a un autre qui sort dans les médias et c'est 45 pages à appliquer dès le lendemain matin", s'insurge Rémi, directeur d'école dans le Val-d'Oise, au micro d'Europe 1. "Si on le reçoit le dimanche soir dans un média payant, comment l'appliquer le lundi et comment vos collègues les appliquent ? On découvre ces protocoles en même temps que les parents d'élèves".
Blanquer dans le viseur des enseignants
Des mesures sanitaires de dernière minute qui menacent avant tout les élèves. Face aux absences liées au Covid, la continuité de l'enseignement est bien souvent impossible. "Cette semaine, j'ai eu à prendre entre cinq et vingt élèves, mais jamais en même temps. Ce n'était pas régulier. Et pour les élèves, ce n'est pas possible d'apprendre correctement", témoigne Aurélie, enseignante en CP.
Dans le cortège parisien aujourd'hui, de nombreuses voix dénonçaient le mépris du gouvernement et réclamaient la démission de Jean-Michel Blanquer.
38,5% de grévistes selon le ministère
Concernant les grévistes, la mobilisation est difficile à quantifier à cause de la différence de comptage entre les syndicats et le ministère. Mais ces chiffres ne semblent pas battre les records de la grève des enseignants contre la réforme des retraites en 2019.
Selon les syndicats, 75% des enseignants étaient absents en maternelle et en primaire. Un chiffre qui inclut en fait les chefs d'établissement, les remplaçants, les enseignants spécialisés, mais qui s'appuie sur un échantillon d'écoles militantes, ce qui gonfle un peu le résultat.
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Le ministère a quant à lui recensé 38,5% de grévistes, mais uniquement parmi les enseignants titulaires qui font cours devant une classe.
Enfin, dans le secondaire, pour les syndicats, 62% des professeurs faisaient grève, contre 24% selon le ministère, qui n'a cependant comptabilisé que les absents en fin de matinée. Les professeurs du secondaire n'étant pas obligés de se déclarer à l'avance, le taux de grévistes sera précisé ultérieurement.