Alors que l'on commémore mercredi la capitulation de l'Allemagne nazie face aux Alliés le 8 mai 1945, l'histoire de la Seconde Guerre mondiale n'est pas connue de tous. D'après un sondage Ifop datant de décembre 2018, 20% des 18-34 ans en France déclarent n'avoir jamais entendu parler de la Shoah. "On doit faire des progrès pour que ce chiffre tombe à zéro", a reconnu Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Éducation, sur Europe 1 mercredi.
C'est dans le but d'entretenir ce devoir de mémoire que Jean-Jacques Dorier, professeur d'histoire-géographie au collège Albert Camus de Genlis en Côte-d'Or, a réalisé le documentaire Les témoins de l'histoire, la France des années 1940 à 1980 avec ses élèves. "L’idée était d’interviewer des témoins de l’histoire avec des élèves de troisième", explique-t-il au micro de Wendy Bouchard.
"La rencontre avec les témoins, c'est fondamental"
D'après lui, la rencontre avec ceux qui ont vécu l'histoire est la meilleure façon d'apprendre : "C’est un peu compliqué d’emmener des élèves à des monuments, à des protocoles hors du collège. Ce n’est pas forcément très attractif, les élèves ne comprennent pas forcément, ne se mobilisent pas énormément pour ce genre de choses, ce qui est dommage. La rencontre avec les témoins, en chair et en os, la parole, l’échange, quelque chose de vivant, c’est fondamental et ça fonctionne vraiment très bien."
>> De 9h à 11h, c’est le tour de la question avec Wendy Bouchard. Retrouvez le replay de l’émission ici
Jean-Jacques Dorier raconte notamment avoir "la chance de faire intervenir au collège un couple de personnes âgées de confession juive" qui "étaient enfant pendant la Seconde Guerre mondiale". "Ils ont beaucoup de souvenirs d’enfance et ont été très marqués par ce qui est arrivé à leur famille, à leurs parents."
La femme de ce couple "était fille de résistant" et a des "souvenirs très, très marquants, très poignants, qu’elle raconte aux élèves". "C’est vraiment un témoignage qui est très poignant, que les élèves recueillent avec beaucoup d’attention", confie Jean-Jacques Dorier.
Jean-Michel Blanquer sur la même ligne
Le point de vue qu'il développe est partagé par Jean-Michel Blanquer : "Ce qui est important c'est de leur montrer (aux élèves, ndlr) des témoignages, qu'ils voient des choses concrètes sur le sujet, comme par exemple les visites à Auschwitz, ou au camp des Milles, ou des rencontres avec les déportés qui sont encore en vie et qui visitent les classes." Des projets similaires à celui mené par Jean-Jacques Dorier seront donc peut-être amenés à se multiplier. D'autant que le ministre de l'Éducation assure avoir pris le sujet de la méconnaissance de la Shoah "à bras-le-corps".