Huit Français sur dix sont favorables à l'euthanasie dans certaines circonstances, et presque autant se prononcent en faveur du suicide assisté, selon une enquête publiée mardi, qui montre aussi que la législation actuelle reste mal connue.
80% des sondés sont favorables à l'euthanasie.Pour des patients "en fin de vie" affectés par "des douleurs physiques ou psychologiques intolérables", 80% des personnes interrogées se disent "plutôt favorables" ou "tout à fait favorables" à l'euthanasie, c'est-à-dire le fait pour un médecin de provoquer la mort par l'administration d'une substance létale, selon l'enquête de l'institut Ifop pour la Fondation Adréa.
76% se disent favorables à "la possibilité pour un patient de disposer d'une substance létale qu'il s'administrerait lui-même en bénéficiant d'un encadrement médical", et 88% se prononcent pour "l'arrêt des soins avec un soulagement des souffrances du patient par un traitement anesthésiant provoquant une diminution de sa conscience". S'ils étaient eux-mêmes confrontés à cette situation, 38% des sondés préféreraient l'arrêt des soins et la sédation, 26% l'euthanasie, et 23% le suicide assisté, tandis que 13% n'ont pas souhaité se prononcer.
Une législation mal connue. Seul l'arrêt des soins est aujourd'hui légal en France. Pourtant, 47% des personnes interrogées pensent que la loi autorise actuellement l'euthanasie. Et seulement 12% connaissent le contenu de la loi Claeys-Leonetti sur la fin de vie, promulguée le 2 février 2016, pour 26% qui en ont entendu parler mais ne voient pas précisément de quoi il s'agit et 62% qui n'en ont pas entendu parler.
Ce texte prévoit notamment un "droit à la sédation profonde et continue" jusqu'au décès pour certaines personnes et rend contraignantes les "directives anticipées", par lesquelles chacun pourra stipuler son refus d'un acharnement thérapeutique. Elle vient compléter la loi Leonetti de 2005, qui instaurait le droit "de limiter ou d'arrêter un traitement inutile, disproportionné ou n'ayant d'autre objet que la seule prolongation artificielle de la vie".
La majorité des sondés n'a pas donné de directives. En matière de directives anticipées, 92% des interrogés jugent "primordial" ou "important" que leurs proches connaissent leurs souhaits, mais 88% n'a jamais rédigé de telles directives. Par ailleurs, seule la moitié des sondés connaît la volonté de son conjoint et un tiers, celle de ses parents.
L'enquête à été réalisée en septembre auprès d'un échantillon représentatif de 1.002 personnes, par internet pour les 18-64 ans et par téléphone pour les 65 ans et plus.