Ziad Takieddine est finalement sorti de prison lundi soir vers 21h30. En effet, comme l'avait révélé Europe1, la Chambre d'instruction de la Cour d'appel de Paris avait ordonné plus tôt dans la journée la remise en liberté de l'homme d'affaires franco-libanais, placé en détention provisoire depuis le 31 mai dernier. La justice a en effet accepté de lever la demande de caution de 4,3 millions d'euros exigée à Ziad Takieddine. Ce dernier sera placé sous contrôle judiciaire.
Ses trois avocats, Me Dominique Penin, Me Henri Leclerc et Me Stéphane Sebag ont fait savoir qu'il s'agissait "d'une grande victoire au vu de l'état de santé extrêmement fragile de leur client". "C'est une grande satisfaction d'avoir été entendu par une chambre de l'instruction lucide", a déclaré après l'audience Me Dominique Penin.
Soupçonné de vouloir fuir la France. Ziad Takieddine avait été interpellé en mai dernier. Personnage clé de l'affaire Karachi, il est soupçonné d'avoir voulu fuir le pays. A l'époque, Ziad Takieddine était soumis en France à un strict contrôle judiciaire lui interdisant de quitter le pays.
Mais lors d'une perquisition, le 11 avril à son domicile parisien, les policiers avaient découvert un courriel leur laissant penser qu'il allait se faire délivrer ce document. Qualifiant de "fable" le projet de fuite prêté à leur client, ses avocats avaient demandé sa remise en liberté.
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La demande de caution levée. Les juges Roger Le Loire et Renaud van Ruymbeke ont accédé à cette demande, le 22 juillet, tout en conditionnant sa remise en liberté au versement d'une caution de 4,3 millions d'euros. Ses avocats, qui soutiennent que Ziad Takieddine ne dispose pas d'une telle somme, ont contesté l'ordonnance des juges devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris.
Celle-ci a ordonné lundi après-midi une modification du contrôle judiciaire de l'homme d'affaires, en annulant la demande de caution, ont précisé les avocats. Ziad Takieddine, qui a quitté la prison de la Santé vers 21h30 selon les informations d'Europe1, demeure sous contrôle judiciaire.
Une décision attendue. "Il n'avait absolument pas les moyens de les payer", a réagi au micro d'Europe 1, à propos de cette caution initiale, un des avocats de l'homme d'affaires, Me Stéphane Sebag. "Aujourd'hui, fort heureusement, la chambre de l'instruction a décidé d'écarter ce cautionnement exorbitant qui ne correspondait à rien et de le remettre en liberté de manière tout à fait classique avec l'obligation de ne pas quitter le territoire et de pointer au commissariat. Il s'acquittera bien évidemment de ces obligations", assure le conseil.
Comment a-t-il vécu cette détention ? "Cela a été extrêmement dur", selon Me Sebag. "Il a plus de 63 ans. Il a perdu près de quinze kilos au cours de cette détention", assure l'avocat. "Il a des problèmes de santé extrêmement graves qui lui demandent des soins quotidiens intensifs. Ces soins se faisaient de manière ambulatoire avec des menottes, dans des conditions extrêmement difficiles pour lui. Aujourd'hui il va pouvoir enfin suivre un traitement régulier, quotidien, comme il le faisait déjà avant son incarcération", salue-t-il.
Impliqué dans d'autres dossiers. Déjà plusieurs fois mis en examen dans le dossier Karachi, il avait de nouveau été mis en examen le 31 mai pour "corruption d'agent public étranger", "escroquerie", "détournement d'objet saisi", "blanchiment", "fraude fiscale" et "organisation frauduleuse d'insolvabilité". Des qualifications renvoyant à quatre dossiers distincts.