Pas question pour Ian Bailey d’être extradé en France. La Cour suprême de Dublin examinait lundi l'appel du principal suspect du meurtre de la Française Sophie Toscan du Plantier, épouse du producteur de cinéma, tuée en Irlande en 1996.
En novembre dernier, son extradition vers la France avait été reportée en raison de la découverte de nouveaux éléments "à couper le souffle" sur des erreurs commises par les policiers irlandais pendant leur enquête.
La légalité de l’extradition contestée
Le visage grave, le Britannique Ian Bailey, 54 ans, assis à côté de sa compagne, a ainsi écouté l'un de ses avocats, Garret Simons, contester devant les cinq juges de la plus haute instance judiciaire irlandaise la légalité d'une telle extradition. Ni Ian Bailey ni ses avocats n'ont fait de déclaration à la presse à leur arrivée à la Cour suprême de Dublin, qui doit examiner jusqu'à mercredi l'appel du Britannique.
Les juges doivent notamment étudier un rapport du parquet irlandais, remontant à 2001 et très critique vis-à-vis de la police irlandaise qui y est accusée d'avoir conduit une enquête à charge contre Ian Bailey et d'avoir utilisé des méthodes contestables.
Absence de poursuite en Irlande
L'enquête irlandaise n'a jamais abouti, mais Ian Bailey, qui a toujours clamé son innocence, fait l'objet d'un mandat d'arrêt européen émis par la justice française à qui le dossier a été transmis en 2008. La Haute Cour de Dublin avait donné son feu vert en mars 2011 à l'extradition de cet ancien journaliste indépendant, qui avait fait aussitôt appel.
Ian Bailey, brièvement arrêté le 23 avril 2010 en Irlande où il vit et étudie le droit, est actuellement en liberté sous contrôle judiciaire. Le suspect pourrait être jugé en France et encourir la réclusion criminelle à perpétuité. La décision de la Cour suprême n'est pas attendue avant plusieurs semaines.
Qui est Ian Bailey ?
Sophie Toscan du Plantier, 39 ans, a été retrouvée morte le 23 décembre 1996, quatre jours après son arrivée pour les fêtes de Noël dans une région isolée du sud-ouest de l'Irlande. Son corps, retrouvé à l'extérieur de sa résidence, portait des blessures à la tête.
Ian Bailey avait fait naître les soupçons en étant parmi les premiers sur les lieux du crime puis en faisant état dans des articles d'éléments que seuls les enquêteurs et le meurtrier étaient censés connaître. Le journaliste avait également été visé par le témoignage d'une femme, Marie Farrel, qui affirmait avoir vu le journaliste la nuit du meurtre vers 3 heures, rôdant à proximité du domicile de la victime. Mais cette femme s'était ensuite rétractée en accusant la police irlandaise de lui avoir soufflé ses déclarations.