L'ancien majordome des Bettencourt, Pascal Bonnefoy, et l'ancienne comptable Claire Thibout sont arrivés vendredi dans la matinée au palais de justice
Ils doivent être confrontés à Patrice de Maistre, l'ex-gestionnaire de la fortune de l'héritière de L'Oréal, dont les avocats sont également arrivés. L'ancienne femme de chambre de Liliane Bettencourt et l'une de ses anciennes secrétaires particulières - qui est néanmoins introuvable – sont également convoquées.
C'est la deuxième fois que l'ex-homme de confiance de Liliane Bettencourt sera confronté à des témoins. Mais Patrice de Maistre n'est pas en position de force cette fois-ci. Soupçonné d'avoir participé au financement illégal présumé de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 et écroué depuis le 23 mars dernier, sa troisième demande de remise en liberté a été rejetée mardi par la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Bordeaux.
Un financement de la campagne de Sarkozy ?
Lors des confrontations, la circulation d'argent liquide chez les Bettencourt sera notamment au cœur des discussions. Par ailleurs, une possible visite de Nicolas Sarkozy - à l'époque des faits candidat à la présidentielle - au domicile de la milliardaire pendant sa campagne de 2007 pourrait être abordée. Les juges tentent de déterminer si le candidat a pu demander, voire recevoir, de l'argent pour financer sa campagne.
D'après l'avocat de l'ancienne comptable de Liliane Bettencourt, Claire Thibout, les juges bordelais ont accumulé des éléments à charge contre Patrice de Maistre. "On a découvert que Patrice de Maistre est celui qui s'occupait des comptes suisses de Liliane Bettencourt, qu'il s'était rendu en Suisse et qu'il avait rapatrié des sommes considérables de Suisse", assure Me Gillot. "Par ailleurs, il y a un certain nombre d'éléments qui prouvent, qu'à l'époque - en janvier, février 2007 -, il a rencontré à deux reprises consécutivement Eric Woerth", l'ancien ministre et ex-trésorier de l'UMP.
"Le témoignage de Claire est conforté", dit son avocat :
L'ancienne comptable de la famille Bettencourt a assuré aux enquêteurs que l'ex-gestionnaire de la fortune de l'héritière de l'Oréal lui avait demandé de mettre à sa disposition 150.000 euros, destinés à financer la campagne de Nicolas Sarkozy.
Nouvelle confrontation jeudi
Ensuite, Patrice de Maistre n'en aura pas fini avec la justice. Jeudi prochain, il sera de nouveau confronté à une autre personne témoin dans ce dossier. Il sera opposé en vidéo-conférence depuis Genève à l'avocat suisse des Bettencourt, Me René Merkt. Le juge d'instruction s'interroge notamment sur des retraits d'espèces opérés avec la coopération de cet homme de droit, notamment deux de 400.000 euros chacun au moment de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy.
Ces retraits coïncident dans le temps avec une rencontre entre Patrice de Maistre et Eric Woerth, alors trésorier de la campagne Sarkozy, et aussi avec une possible visite de Nicolas Sarkozy chez les Bettencourt à Neuilly-sur-Seine.
Sarkozy inquiété ?
Nicolas Sarkozy a déjà admis avoir pu se rendre début 2007 au domicile des Bettencourt à Neuilly-sur-Seine, arguant que cela n'avait rien d'étrange pour un ancien maire de la ville d'aller ainsi chez de tels administrés. Susceptible d'être entendu à son tour dans ce dossier, l'ancien chef d'Etat perdra le 15 juin l'immunité pénale liée à sa fonction qui empêchait depuis 2007 toute audition ou poursuite.