Après douze heures dans le bureau du juge Jean-Michel Gentil, Nicolas Sarkozy a quitté jeudi soir le palais de justice de Bordeaux peu après 21h30. Au terme de cette audition fleuve dans le volet sur le financement illicite de sa campagne en 2007, le magistrat a placé l'ancien chef de l'Etat sous le statut de témoin assisté. Son avocat, Me Thierry Herzog, a précisé qu'aucune autre convocation de Nicolas Sarkozy n'était prévue.
Pas de déclaration après 12 heures d'audition
Nicolas Sarkozy a quitté le tribunal en voiture, sans faire de déclaration. "Nicolas #Sarkozy était dans un monospace, au téléphone, assis à côté de son avocat Me Herzog", précise Guillaume Biet, l'envoyé spécial d'Europe 1 sur place. L'ancien président a ensuite pris la direction de l'aéroport Mérignac.
21h42, Nicolas #Sarkozy vient de quitter le tribunal de #Bordeaux en voiture. Pas un mot. #Bettencourt— Guillaume BIET (@GuillaumeBiet) November 22, 2012
Sarkozy "soulagé et heureux"
L'ancien député UMP et ami de Nicolas Sarkozy, Patrick Balkany a affirmé peu après avoir eu l'ancien président au téléphone juste après sa sortie du tribunal. "Il m'a dit qu'il était "soulagé et heureux" d'être sorti sans mise en examen, a indiqué le maire de Levallois-Perret. Nicolas Sarkozy lui aurait également confié que "c'était long". "Tu vois, il faut avoir confiance en la justice de son pays", a ajouté l'ancien chef de l'Etat, selon Patrick Balkany.
L'audition par le pugnace juge Jean-Michel Gentil et ses deux collègues, Cécile Ramonatxo et Valérie Noël s'est déroulée selon Me Herzog dans une ambiance "normale, courtoise". Il a estimé qu'on assistait à "la victoire de la Justice" plus encore "qu'à celle d'un homme", et que c'était "la fin judiciairement des soupçons, des mises en cause dans la presse qui n'avaient aucun fondement".
Témoin assisté, des droits face au juge
Le juge Jean-Michel Gentil avait convoqué Nicolas Sarkozy en vue d'une mise en examen. Selon le Code de procédure pénale, le magistrat n'avait d'autre choix, s'il renonçait finalement à cette option, que de lui faire bénéficier du statut de témoin assisté "dans le cadre de l'information judiciaire (pour) abus de faiblesse, abus de confiance aggravés, escroqueries aggravées au préjudice" de Liliane Bettencourt.
Ce statut, moins lourd que la mise en examen, suppose tout de même que Nicolas Sarkozy est mis en cause par un acte de poursuite, une plainte ou un témoignage. Il permet néanmoins à l'ex-président de bénéficier de certains droits, comme l'accès au dossier ou droit de demander au juge d'instruction de réaliser certains actes de procédure - comme une confrontation, par exemple.
D'un point de vue de la procédure, un changement de statut vers une mise en examen reste possible d'ici la fin de l'instruction. Mais si le juge d'instruction décide de ne pas mettre en examen Nicolas Sarkozy plus tard, l'ancien président ne sera pas renvoyé devant le tribunal à la fin de l'information judiciaire.