Bigeard : un passé trouble en Algérie

Nicolas Sarkozy a rendu hommage au général en éludant son rôle pendant la guerre d'Algérie.
C'est une des légendes de l'armée française qui s'est éteinte. Le général Marcel Bigeard, 94 ans, est mort a son domicile de Toul, en Meutrhe et Moselle. Ce résistant de la première heure était le soldat français le plus décoré. Nicolas Sarkozy et François Fillon ont rendu hommage à cette figure du gaullisme. Mais sans mentionner son rôle trouble pendant la guerre d'Algérie.
Tous les moyens sont bons
En 1955, lorsqu'il arrive en Algérie, le général Bigeard est déjà un héros. Dans l'armée Française, personne n'a oublié son attitude en Indochine. Dans la cuvette de Dien Bien Phu, ses hommes opposent une farouche résistance aux rebelles Vietminh. Entre 1957 et 1960, sous les ordres du général Massu, Bigeard prend part à la bataille d'Alger.
Son objectif est de restaurer la sécurité dans la ville et neutraliser les cellules du FLN, le Front de Libération Nationale algérien. Mais pour y parvenir, tous les moyens sont bons, y compris la torture, comme l'explique l'historien Benjamin Stora.
La torture : "mal nécessaire"
"Il s’en est toujours défendu. Il a écrit de nombreux articles pour essayer de se justifier. Il y a eu des travaux universitaires qui attestent que certains actes de tortures ont été pratiqués pendant la guerre", explique l’historien. "La fin justifie les moyens dans certains cas", selon le général Bigeard, précise-t-il.
Une vision de l’histoire qui ne fait pas l’unanimité. Pour Henri Guaino, la plume de Nicolas Sarkozy, le général Bigeard a rempli son devoir de soldat. "Ce qui est contesté en Algérie ce n’est pas l’action du général mais la légitimité de cette guerre", a-t-il déclaré.
Le général Bigeard n'a jamais exprimé de regrets, qualifiant de "mal nécessaire" la torture pendant la guerre d'Algérie.