Quatre juges - Jean-Michel Gentil, Cécile Ramonatxo, Valérie Noël, d'une part, Philippe Darphin, d'autre part - instruisent aujourd'hui la complexe "affaire Bettencour",t qui vise notamment des faits d'abus de faiblesse, de blanchiment, de financement illicite de parti politique et de violation du secret professionnel. Europe1.fr vous détaille les multiples ramifications de ce dossier.
• FINANCEMENT ILLICITE DE PARTI POLITIQUE
Deux semaines après la fin de l'immunité de Nicolas Sarkozy, le juge Gentil a perquisitionné mardi 3 juillet le bureau et le domicile de l'ancien chef de l'Etat, le magistrat s'intéressant à un éventuel financement politique illicite de la campagne présidentielle de 2007. Les juges avaient également demandé en début d'année à consulter les comptes de campagne de Nicolas. Sarkozy. Les magistrats soupçonnent l'ancien ministre et ex-trésorier de l'UMP Eric Woerth, mis en examen pour recel, d'avoir reçu des Bettencourt, par l'intermédiaire de l'ex-homme de confiance de l'héritière de L'Oréal, Patrice de Maistre, des sommes indues pour cette campagne. L'ex-comptable de la milliardaire, Claire Thibout, qui avait évoqué devant les enquêteurs la circulation chez ses employeurs d'espèces peut-être destinées à du financement politique, a été confrontée à Maistre le 8 juin.
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• ABUS DE FAIBLESSE
Après avoir abandonné les poursuites pour abus de faiblesse à l'encontre du photographe François-Marie Banier, suite à un protocole d'accord entre Françoise Bettencourt Meyers et sa mère Liliane, le parquet de Bordeaux a ouvert fin septembre 2011 une information judiciaire pour ces mêmes faits visant l'entourage de la milliardaire.Ce rebondissement fait suite aux conclusions d'un rapport sur l'état de Liliane Bettencourt ordonné par les juges, qui établit que l'octogénaire est atteinte notamment de "démence mixte". C'est ce rapport qui est à l'origine de sa mise sous tutelle. Dans ce volet visant la période septembre 2006/septembre 2011, trois personnes ont été mises en examen en décembre 2011 : François-Marie Banier, son compagnon Martin d'Orgeval et Patrice de Maistre. Dernier conseil de Liliane Bettencourt avant sa mise sous tutelle, Me Pascal Wilhelm a été mis en examen à son tour le 13 juin pour abus de faiblesse sur la milliardaire pour la manière dont il a accepté et géré un mandat de protection future de la vieille dame.
• BLANCHIMENT
Les juges s'intéressent à des faits présumés de blanchiment, les enregistrements pirates validés par la Cour de cassation suggérant des opérations financières destinées à échapper au fisc (île aux Seychelles, comptes en Suisse et à Singapour). MM. Banier, d'Orgeval et de Maistre sont également mis en examen dans ce volet.
• ATTEINTE A LA VIE PRIVEE
Bien que l'utilisation comme preuve des enregistrements pirates effectués au domicile de Liliane Bettencourt ait été validée par la justice, ces écoutes demeurent illégales et Pascal Bonnefoy, le majordome qui les a réalisées, a été mis en examen le 14 mars pour "atteinte à l'intimité de la vie privée". Cinq journalistes de Mediapart ou du Point ont été mis en examen pour avoir publié ces enregistrements.
• VIOLATION DU SECRET PROFESSIONNEL
La juge Isabelle Prévost-Desprez a été mise en examen lundi 2 juillet pour violation du secret professionnel par le juge Darphin. La vice présidente du TGI de Nanterre est visée par une plainte de Liliane Bettencourt, irritée qu'une perquisition menée le 1er septembre 2010 à son domicile de Neuilly à la demande de la juge ait été relatée en détail dans le numéro du Monde publié en début d'après-midi le jour même.
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