Jérôme et François sont allés aux Etats-Unis pour devenir pères. Ces deux Français ont fait appel à une mère porteuse, dans le Midwest, qui a donné naissance à des jumeaux. Une aventure qu’ils racontent dans un film de Delphine Lanson, "Naître père", qui sort en salles le 13 février prochain, alors que le débat sur la gestation pour autrui (GPA) s'est invité dans l'actualité la semaine dernière.
"Nous avions une image négative a priori" de la GPA, la gestation pour autrui, ont confié les deux hommes, vendredi matin sur Europe 1. Mais pour pouvoir avoir un enfant, ils n’avaient pas le choix. Alors Jérôme et François sont entrés en contact avec Coleen, mère de famille de trois enfants, mariée et habitant dans le Wisconsin.
"Le courant est passé, c'était intense. La GPA, c'est une vraie relation entre deux familles", ont-ils expliqué. "Coleen n'est pas la mère génétique de nos enfants. On a injecté l'ovule d'une autre femme dans le ventre de cette mère porteuse. Deux spermatozoïdes, un chacun [un de Jérôme, un de François] (...) L'un de nous est le papa génétique de notre garçon, l'un est le papa génétique de notre fille. Pour nous, il n'y a pas de différence. On espère qu'il y en aura plus dans la loi...", ont-ils ajouté.
>> Pour le moment, la GPA n'est ni au menu du débat sur le mariage pour tous, ni dans l'avant-projet de loi sur la famille qui devait être présenté en conseil des ministres en mars et qui a lui-même été repoussé.
La bande annonce du film dont ils sont les héros :
Mais la GPA a un prix. Le couple a déboursé autour de 100.000 dollars, soit 74.000 euros, pour deux enfants. "L'argent, c'était surtout des frais pour s'expatrier et des frais médicaux. Environ 15% de cette somme va à la mère porteuse, qui doit arrêter de travailler", explique l’un d’eux. Une sorte de compensation financière pour cet arrêt de travail.
"Nous nous sentions seuls"
Outre le coût, la question de la nationalité des enfants est une autre difficulté. "Nos enfants sont de nationalité américaine. Ils sont aussi français, car nous sommes français", ont expliqué Jérôme et François. Mais contrairement aux Etats-Unis, en France ils ne sont pas tous les deux reconnus comme les parents des deux enfants.
"Avoir des papiers est compliqué, mais grâce à la circulaire [qui propose d'autoriser la transcription dans les registres d'état civil des actes de naissance établis à l'étranger pour les enfants nés d'une gestation pour autrui] ce sera plus simple", ont-ils ajouté. Jérôme et François ont rendu, au passage, hommage à la garde des Sceaux, Christiane Taubira. "Elle est très impressionnante. Nous nous sentions seuls. Son discours nous fait chaud au cœur ", ont-ils conclu.