Vous étiez près de quatre millions à descendre dans les rues. Quatre millions de personnes solidaires après les attentats perpétrés par les frères Kouachi et Amédy Coulibaly contre Charlie Hebdo et l’épicerie casher de la porte de Vincennes. Partout en France, chacun y est allé de son petit message, de sa pancarte imprimée ou de sa caricature collée sur du carton. Et puis, il y a ceux qui ont l’hommage plus discret mais plus durable. Depuis le 7 janvier, plusieurs parents ont ainsi opté pour le prénom "Charlie" en 2e ou 3e choix pour leur enfant.
"Je suis Charlie" sur un bracelet de maternité
Dans les heures qui ont suivi le massacre au 10, rue Nicolas-Appert, le cliché d’un bracelet "Je suis Charlie" sur un poignet de nourrisson a circulé sur les réseaux sociaux et notamment sur Instagram (voir ci-contre). Un hommage viral ? Selon nos informations, un seul bébé à Paris a été prénommé Charlie depuis les attentats (contre 35 sur toute l’année 2014). Impossible donc d’en tirer une quelconque conclusion.
En revanche, après avoir consulté la liste des prénoms accordés aux 670 enfants nés dans la capitale depuis le 7 janvier, le prénom Charlie est présent 11 fois en 2e ou 3e position. Une tendance clairement en hausse depuis une dizaine de jours.
"Une volonté de marquer l’histoire"
Si le prénom Charlie n’était pas vraiment à la mode jusqu’au début des années 2000, un petit changement est à noter depuis 2005 (regardez ci-dessous). En l’espace de cinq ans, le nombre de Charlie en France a été multiplié par 6 (59 naissances en 2005 contre 401 en 2010). Cette hausse pourrait bien se poursuivre en 2015.
François Bonifaix, psychanalyste et auteur du "Traumatisme du prénom", voit dans cette subite hausse "une volonté des parents de marquer, de participer à l’histoire". "Appeler son enfant Charlie, c’est aussi un moyen de prolonger la marche républicaine", poursuit-il. "C’est aussi touchant que durable". A contrario, ce spécialiste des prénoms imagine également un pic des prénoms des terroristes. "Des Chérif, des Saïd et des Amédy devraient être un peu plus fréquents cette année", estime-t-il.