Laurence et Arménio Mendes-Condeixa ne veulent pas que d’autres parents vivent le drame qui a récemment brisé leur vie. Le 18 décembre dernier, leur fils Benjamin, âgé de 16 ans, est décédé des suites d’un coma éthylique, après avoir absorbé une très importante quantité d’alcool lors d’une soirée à Tournon, en Savoie. Le jeune homme, qui avait 4,5 grammes d’alcool dans le sang au moment de son décès, s’est étouffé en régurgitant, alors qu’il était allongé sur le dos.
Alors, à l’approche du Réveillon, les deux parents ont surmonté leur peine pour appeler les jeunes, de plus en plus enclins aux abus, à la prudence. "Je lance un appel à tous les jeunes : faites attention ! On peut faire la fête, mais sans boire autant. On ne doit pas faire des concours avec de l’alcool, jouer à celui qui tombera le premier. Il y a des ados plus faibles que d’autres", prévient dans Le Parisien Laurence Mendes-Condeixa.
"Plus grave que de fumer un pétard"
Cet appel est salutaire, pour Michel Raynaud, psychiatre et addictologue chef de service à l'hôpital Paul Brousse, à Villejuif. "Il y a nécessité d’information répétée et re-répétée", a martelé le médecin sur Europe 1. "Parce que la cuite est considérée comme banale et sans danger, il faut donc vraiment rappeler que c’est ce qui va tuer le plus. Et ça détruit également à moyen terme une partie du cerveau", a-t-il poursuivi. "L’alcool est ce qu’il y a de plus nocif comme produit, même si c’est par ailleurs extrêmement agréable. Il faut comprendre que c’est sûrement le produit le plus agréable, mais aussi le produit le plus dangereux."
Et pour lutter contre la consommation abusive des jeunes, une solution : la communication. "C’est évidemment aux parents de parler aux ados. Il faut essayer d’informer, ne pas banaliser. Une cuite, chez un adolescent, ne doit pas être traitée de façon banale. C’est plus grave que de fumer un pétard", a affirmé Michel Raynaud, avant d’interpeller les pouvoirs publics. "Les parents ne peuvent pas parler seuls s’il n’y a pas une communication globale. Il faudrait des campagnes de communication par le ministère de la Santé, mais il faudrait surtout une action sur les producteurs, les distributeurs. Leur responsabilité devrait être engagée. Ils devraient participer à ces campagnes", a conclu le spécialiste.