À 113 ans, Marie Brudieux, résidente dans une maison de retraite de l'Essonne, est la nouvelle doyenne des Français depuis mercredi. Née le 26 mars 1901 en Corrèze, elle détrône Olympe Amaury, jusque-là détentrice du titre et née trois mois plus tard. C'est l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), alertée par un particulier, qui l'a annoncé en précisant que cette information n'est pas exhaustive. Comprenez, il peut exister une personne plus âgée que Marie Brudieux mais dont la famille refuse de médiatiser le nom. Comment cette nouvelle doyenne a-t-elle trouvée ?
Beaucoup de recherches. Pour la France, aucune organisation ne se charge de trouver et de désigner notre doyen. En revanche, plusieurs organismes listent à des fins scientifiques, les centenaires et aussi les supercentenaires. Seul un centenaire sur mille peut espérer un jour devenir supercentenaire, c'est-à-dire atteindre les 110 ans.
L'Insee (institut national de la statistique et des études économiques) a l'habitude d'utiliser les données de l'état civil pour ses recherches mais ne peut dévoiler qui est le doyen de France. Il est soumis au secret statistique et la protection des données". Pour sa part, l'Inserm (institut national de la santé et de la recherche médicale) liste les supercentenaires au bénéfice de la recherche. Jean-Marie Robine, par exemple, démographe à l'Inserm, produit des statistiques à partir des données chiffrées obtenues sur eux. Mais l'Inserm ne part pas sur les routes de France à la recherche des personnes âgées. Soit elle reçoit des appels de famille signalant la présence d'un supercentenaire parmi eux, soit elle se fie aux recherches des "traqueurs".
Un réseau de "traqueurs". La recherche des supercentenaires est en effet le hobby d'une dizaine de passionnés en France. Ceux que l'Inserm sur nomme les "traqueurs", surveillent de près la presse régionale et les petits canards, à la recherche des anniversaires des doyens locaux. Après avoir contacté les familles pour avoir leur accord et enquêté pour vérifier l'exactitude de l'âge, ils complètent la liste du site internet Centenaires Français. 24 supercentenaires connus y sont aujourd'hui recensés.
La démarche est celle de l'enquête. Laurent, un "traqueur" raconte à Europe1.fr : "Je recherche les actes de naissance et de mariage via les sites internet des archives départementales où souvent, ils sont numérisés. Si ce n'est pas le cas, j'ai un réseau de bénévoles locaux qui peuvent se rendre aux archives pour faire une copie des actes qu'ils m'envoient. Des fois, c'est plus compliqué. Un autre chercheur de supercentenaires a dû régler le problème d'une pied-noir dont l'acte de naissance avait été détruit. En poussant les investigations, il a pu obtenir par le consulat de France en Algérie son acte de baptême, ce qui a prouvé son âge."
Plus que sept ans et cette dame sera supercentenaire.
Et aussi du hasard. La désignation de Marie Brudieux, nouvelle doyenne, revient à un de ces "traqueurs". Il doit un peu au hasard la découverte de la dame de 113 ans. Martin Miet, un correspondant pour la France du GRG (Gerontology research group) relate à Europe1.fr : "Ce "traqueur"souhaitait se renseigner sur une supercentenaire de 111 ans qui vivait dans une maison de retraite de l'Essonne. Son interlocutrice lui apprend lors de la discussion que dans une commune voisine, vit une autre supercentenaire de 113 ans. Après enquête téléphonique, il a fini par la dénicher."
Avec l'accord de la famille, le nom de la doyenne a pu être annoncé publiquement sur le site Centenaires Français. Le "traqueur" a bien sûr retrouvé l'acte de naissance de Marie Brudieux et il poursuit actuellement ses investigations pour vérifier qu'il est véridique. "Il peut y avoir des coquilles sur les anciens actes de naissance" explique Martin Miet. "On peut aussi découvrir la naissance de frères ou de sœurs à quelques mois d'intervalles de celle du supercentenaire, ce qui remet en cause l'âge de ce dernier. C'est ce qui est arrivé récemment à une supercentenaire Polonaise, on lui a découvert une sœur née quatre mois avant elle."
Et à l'international ? L'organisme qui centralise les supercentenaires à l'échelle mondiale, est le GRG (Gerontology Research Group), basé à Los Angeles aux États-Unis. Il a un réseau de correspondants dans 25 pays et accepte d'inscrire un nouveau supercentenaire sur ces listes après réception d'un certain nombre de preuves. Contacté par Europe1.fr, Antoine Demarais, correspondant français du GRG les énumère : "Un acte de naissance avec mentions marginales, un acte de mariage permettant de valider la date de naissance. Une photo ou une copie de la carte d'identité servent de preuve de vie. Après avoir traduit en anglais, j'envoie le tout au GRG". D'autres preuves peuvent être acceptées, aux États-Unis par exemple : "L'état civil ayant été tenu de manière chaotique avant 1910, ce sont les recensements de population, alors réalisés tous les 10 ans, qui sont utilisés".
La doyenne de l'humanité a 114 ans