Il n’y aurait sans doute jamais eu "d’affaire Clearstream" sans Florian Bourges. Tout débute en 2001 quand ce stagiaire auditeur profite d’une mission chez Clearstream pour détourner une partie des fichiers bancaires de la société luxembourgeoise, "des comptes non publiés" qui permettent à deux personnes de faire transiter de l’argent d’un compte à un autre en toute discrétion. Florian Bourges décide de les envoyer au journaliste Denis Robert, auteur du livre Révélation$ dans lequel l’ancien journaliste de Libération affirme mettre en évidence l’existence de malversations financières au sein de Clearstream.
Les documents atterrissent dans les mains d’Imad Lahoud, informaticien chez EADS, par l’intermédiaire du journaliste Denis Robert. Ce dernier lui remet un CD-ROM contenant la liste reçue de Florian Bourges en 2001 et un autre CD-ROM relatif à des comptes Clearstream datant de 1995. Imad Lahoud est aujourd’hui soupçonné d’avoir falsifié les listings en y ajoutant des noms de particuliers, les faisant ainsi passer pour les bénéficiaires de comptes occultes.
En novembre 2003, Jean-Louis Gergorin, vice-président d’EADS et patron d’Imad Lahoud, communique les fichiers au général Philippe Rondot. Le 9 janvier 2004, les deux hommes se retrouvent dans le bureau de Dominique de Villepin, alors ministre des affaires étrangères, pour décider des suites à donner à cette affaire.
Les listings bancaires sont ensuite envoyés de manière anonyme au juge Renaud Van Ruymbeke, alors chargé d’enquêter sur la vente de frégates à Taïwan. Jean-Louis Gergorin reconnaîtra plus tard être l’expéditeur de ces courriers.
Improprement qualifiée de "chambre de compensation", Clearstream est un organisme européen de règlement-livraison par lequel plus de 2.000 banques, institutions financières ou encore banques centrales du monde entier s'échangent leurs actions et leurs obligations. La banque luxembourgeoise n’est pas censée compter de particuliers parmi ses clients.