L’humoriste Dieudonné fait parler de lui en dehors des frontières françaises. Mercredi soir, la police belge a interrompu son spectacle à Bruxelles et dressé un procès verbal pour "propos xénophobes" et "incitation à la haine raciale", ont indiqué jeudi les autorités de la capitale belge.
Des reports successifs
Dans un premier temps, Dieudonné, régulièrement accusé dans le passé de dérapages antisémites, devait présenter son spectacle mercredi soir à Schaerbeek, l'une des communes de l'agglomération bruxelloise, mais les autorités locales ont interdit sa prestation.
Dieudonné et ses admirateurs se sont alors rabattus sur le Fiesta Bar, une salle située sur le territoire de la ville de Bruxelles. Lorsqu'une dizaine de policiers sont arrivés sur place, un premier spectacle était en cours, tandis que d'autres spectateurs attendaient à l'extérieur le début d'une deuxième séance prévue à 22 heures. Quelque 500 personnes en tout étaient présentes.
C’est à ce moment-là que les policiers, après avoir constaté la tenue de propos "xénophobes", ont exigé que l'exploitant interrompe le spectacle en coupant l'électricité. Les spectateurs se sont alors dispersés dans le calme.
Le propriétaire de la salle "floué"
Dans un entretien au site Internet 7sur 7, Olivier Da Silva, le propriétaire de la salle, a reconnu ignorer l'identité de l'artiste qui devait se produire dans la salle. "J'ai été floué, je ne savais pas qu'il s'agissait de Dieudonné", a-t-il indiqué.
Toutefois, Olivier Da Silva ne prendra pas part à la bataille judiciaire. Dans un entretien au magazine belge Le Vif, il a expliqué qu'il ne porterait plainte ni contre l'artiste, ni contre la ville. "Dieudonné était en train d'ameuter la foule en dénonçant une nouvelle censure. C'était la cohue", a ajouté Olivier Da Silva. "Je lui ai demandé d'appeler au calme et il l'a fait," a-t-il précisé au magazine Le Vif.
Le parquet pourrait lancer des poursuites
La nature exacte des propos incriminés n’a d'ailleurs pas été précisée. Mais le PV de la police a été transmis au parquet qui pourrait entamer des poursuites. La ville de Bruxelles étudie également les suites judiciaires à donner à cette affaire.
En mars dernier, la justice belge avait déjà ouvert une enquête visant Dieudonné afin de voir s'il avait enfreint la législation réprimant l'incitation à la haine et le négationnisme lors d'un spectacle donné près de Liège.
Dieudonné veut porter plainte contre les autorités
De son côté, l’humoriste a réagi sur son site internet en dénonçant l’attitude des autorités belges. "L’actuel gouvernement belge a décidé de taper du poing et de me faire interdire coûte que coûte sur la capitale", a ainsi regretté Dieudonné.
Dénonçant "des pressions mafieuses sur le propriétaire de cette salle", il a fait part de son intention de "porter plainte contre les autorités belges". A cette fin, il a décidé de lancer un appel à témoins, relayé sur sa page Facebook, pour recueillir les témoignages de personnes présentes dans la salle.