Douai : quand une prison fait faillite

La maison d'arrêt de Douai, dans le Nord.
La maison d'arrêt de Douai, dans le Nord. © MAXPPP
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avec Marguerite Lefebvre , modifié à
Les surveillants ont pour mission de faire la chasse au gaspillage dans cette prison surpeuplée.

L'INFO. La prison est pleine mais les caisses sont vides. La maison d'arrêt de Douai, dans le Nord, l'une des plus importantes de France, est en faillite.  L'établissement n'a plus assez de fonds pour assurer son fonctionnement jusqu'à la fin de l'année. Dans une note de service publiée cet été, le directeur de la prison a annoncé sa "mise sous tutelle budgétaire" et la mise en place de directives pour faire des économies. Un état de fait qui est une conséquence directe de la surpopulation carcérale : l'établissement accueille 600 détenus pour 385 places. 

Économies de bouts de chandelle. La prison de Douai, ce n'est pas Versailles. Désormais, au cours de leur ronde, les surveillants de la maison d'arrêt doivent vérifier si les détenus ont bien éteints la lumière. Une véritable chasse au gaspillage instaurée par note de service de la direction que raconte, Laurent, surveillant pénitentiaire, au micro d'Europe 1 : "on nous demande de faire des économies sur tout. Quand les détenus quittent une cellule pour aller en promenade, la télé, le poste et les plaques de cuissons restent allumés. Il faut aussi faire des économies sur la douche. Une personne détenue a le droit à trois douches par semaine. On nous fait comprendre que donner une douche en plus c'est peut-être pas forcément de bon ton".

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Comment expliquer une telle situation ? Depuis cet été, le budget 2013 est presque à sec quatre mois avant la fin de l'exercice. L'établissement ayant été placé sous tutelle budgétaire, le directeur de la prison doit désormais demander l'aval de Direction interrégionale des services pénitentiaires (DISP) du Nord. Un mécanisme risqué, estime Nicolas Caron, secrétaire  national de FO pénitentiaire, au micro d'Europe 1. "Si demain une cellule brûle, il faudra d'abord faire un devis puis le présenter pour pouvoir y faire des travaux. On n'est pas sûrs que le directeur interrégional accepte", explique le syndicaliste. "Prioriser les dépenses dans les prisons, c'est toujours dangereux", juge-t-il.  Une situation qui dans une prison surpeuplée peut vite exacerber les tensions, et rendre le travail des surveillants impossible.