Le témoignage. "Que l’agonie de ma mère serve à faire avancer le débat". Sandrine Rousseau, porte-parole nationale d'Europe Ecologie-les Verts (EELV) et vice-présidente de la région Nord-Pas-de-Calais, a révélé dimanche le suicide de sa mère, atteinte d'un cancer en phase terminal, et relance le débat sur l'euthanasie, dans une interview à La Voix du Nord. Elle réclame "la légalisation du suicide assisté", alors que le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) doit rendre lundi les conclusions de la "Conférence citoyenne sur la fin de la vie" organisée à la demande de François Hollande.
"Elle ne supportait pas la déchéance ". "Maman vivait avec le cancer depuis 26 ans. Après un premier cancer du sein, elle avait fait plusieurs rechutes. Elle ne supportait pas la déchéance physique", raconte l'élue dans les colonnes du quotidien local. " Deux semaines avant sa mort, elle avait arrêté la chimiothérapie qui, pour elle, ne faisait que retarder une échéance inéluctable. Elle a absorbé les médicaments qu’elle avait sous la main pendant que mon père venait me chercher à la gare", poursuit-elle. Pendant huit heures et demie Sandrine Rousseau et son père ont alors regardé Évelyne s'éteindre, à 68 ans.
"Je sais que je peux être poursuivie". "Rien de tout cela n'a été digne en réalité. Ni pour elle, contrainte à l'indignité de devoir mourir devant sa fille et son mari, de se vider, d'étouffer, d'agoniser en mille et une souffrances. Ni pour nous, ses proches, contraints de subir une des plus dures épreuves qu'il nous ait été donné de traverser. Alors oui, mourir dans la dignité a un véritable sens", écrit également Sandrine Rousseau sur son blog, consciente de prendre des risques. "Je sais que je peux être poursuivie pour non-assistance à personne en danger".
Qu'en pense le gouvernement déjà ? Le comité consultatif d'éthique (CCNE) avait déjà tranché, en juillet dernier : l'euthanasie, tout comme l'assistance au suicide, ne seront pas légalisées. C'est la mesure phare d'ores et déjà annoncée par les 40 membres de ce comité, saisi par François Hollande il y a un an. En revanche, le CCNE se prononce en faveur de la "sédation profonde", qui consiste à endormir une personne en fin de vie jusqu'à sa mort, si elle le demande et si les traitements ont été interrompus à sa demande. Se basant sur ces recommandations, l'Elysée a promis un projet de loi "avant la fin de l'année".