Elles s'appellent Yaz, Jasmine ou Jasminelle. Ces pilules contraceptives du laboratoire Bayer, dites de quatrième génération, ont fait l'objet de deux études récentes mettant en évidence des risques accrus de développer des caillots sanguins et des embolies pulmonaires. Sans les interdire, la puissante Food and Drug Administration (FDA) américaine, l'agence du médicament, a rendu jeudi soir un avis très attendu, réclamant une actualisation de leurs notices pour tenir compte des dernières recherches.
Les femmes prenant ces pilules ont ainsi 1,5 fois plus de chance de souffrir d'un caillot sanguin, selon une étude de la FDA. Une autre étude, parue dans le British Medical Journal, montre que le risque de thrombose veineuse est deux fois plus élevé chez les femmes prenant des pilules de troisième ou quatrième génération par rapport à celles utilisant des contraceptifs des générations antérieures. Aux Etats-Unis, près de 10.000 plaintes ont été déposées contre le fabricant Bayer à propos des pilules Yaz, Jasmine ou Jasminelle, accusées d'avoir causé près de 1.000 décès, selon le New York Times.
Cinq à six millions de femmes en France
Les pilules de quatrième génération, selon la classification de l'agence française du médicament, l'Afssaps, contiennent de la drospirénone, un progestatif, c'est-à-dire une hormone ayant la même action que la progestérone, impliquée dans le cycle menstruel. La drospirénone, progestatif d'un genre particulier, permettrait, outre ses effets contraceptifs, de lutter contre le syndrome prémenstruel et l'acné, des propriétés particulièrement appréciées des jeunes filles.
En 2010, Yaz, Jasmine et Jasminelle ont rapporté à Bayer 1,1 milliards d'euros au niveau mondial. Très prescrites aux Etats-Unis, elles sont également répandues en France, où, au total, cinq à six millions de femmes prennent la pilule.
Doivent-elles s'inquiéter ? "En trente ans de gynéco, je n'ai jamais été confronté à ce genre d'accident", explique Alain Tamborini à Europe1.fr. Il cite cependant le cas, médiatisé, d'une jeune fille décédée en 2007 des suites d'une embolie pulmonaire liée à la prise d'une pilule de troisième génération. En général, ce genre d'accident "survient les premiers mois ou la première année" de la prise de pilule. En cause : une anomalie génétique affectant la coagulation du sang.
"Pas de panique"
Le père de la jeune fille décédée a depuis créé l'Association des victimes d'embolie pulmonaire, l'Avep, qui affirme que plus de 1.000 décès seraient imputables chaque année à la prise de la pilule. Un chiffre qui semble "énorme" au docteur Alain Tamborini, gynécologue. Dans Le Monde, l'Afssaps table plutôt sur 20 à 40 décès par an avec la pilule de troisième génération.
L'Agence française dit travailler sur le dossier, et a publié mi-novembre un avis dans lequel elle affirme que "le rapport bénéfice/risque des contraceptifs oraux reste positif, quel que soit le progestatif utilisé". "Pas de panique", résume Alain Tamborini.
Respecter les contre-indications
Mais il faut que la pilule soit bien prescrite. Car "normalement", chez une femme qui commence à prendre la pilule, "on conseille une pilule de deuxième génération", explique Alain Tamborini. "Si elle ne la supporte pas, on passe à la troisième génération". Et "si on décide de donner une pilule contraceptive", il faut le faire "dans le respect des contre-indications". Méfiance donc pour les fumeuses ou les femmes de plus de 35 ans.
Mais le gynécologue tient absolument à éviter tout "vent de panique". Car pour lui, "le premier risque, c'est celui de ne pas avoir de contraception".