Un producteur de foie gras va devoir s'expliquer devant la justice jeudi. La société Ernest Soulard, installée en Vendée et qui fournit les cuisines de grands restaurants et palaces, comparaît devant le tribunal correctionnel de La Roche-sur-Yon pour "sévices graves" et "actes de cruauté et mauvais traitement envers des animaux ". Le producteur de foie gras est mis en cause par une association de défense des animaux, images à l'appui. Jeudi, à la barre, le producteur de foie gras s'est défendu de tout "acte de cruauté".
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Une vidéo aux images choquantes. Une vidéo de cinq minutes tournée dans six élevages sous contrat avec la société Ernest Soulard montre cinq minutes d'images parfois insoutenables, . L’auteur de ce film anonyme travaillait épisodiquement pour l'entreprise. Choqué, il aurait transmis sa production à l’association de défense des animaux L214, qui a porté plainte contre le producteur de foie gras.
"Des images de cruauté, de maltraitance et de souffrance". "On voit des canards qui sont en souffrance, qui sont en stress thermique et qui ont du mal à respirer", raconte, au micro d’Europe 1, Sébastien Arsac, porte-parole de l’association qui milite pour la fin du gavage. "Il y a des canards qui sont blessés puisqu’ils sont logés dans des cages individuelles dans lesquelles ils ne peuvent pas se retourner : on a donc des ailes cassées. On voit les canards qui sont morts dans les cages, un gavage hydraulique et à la chaîne", explique ce militant de la cause animale.
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"On a montré ces images à des vétérinaires indépendants qui ont clairement établi que l’on était face à des images de cruauté, de maltraitance et de souffrance", assure-t-il. L214 a donc décidé d’attaquer le producteur de foie gras devant le tribunal correctionnel pour "sévices graves", "acte de cruauté et mauvais traitement envers des animaux". Une première en France.
"Ces images sont falsifiées". Le producteur de foie gras s'est défendu jeudi de tout "acte de cruauté" devant le tribunal correctionnel de La Roche-sur-Yon. "Pour beaucoup, le fait de gaver, c'est maltraiter. Je suis conscient que c'est sujet à caution, que ça divise. Mais pour nous, le bien-être des canards, c'est notre métier. Un animal bien portant fait du bon produit", a assuré à la barre Roland Tonarelli, directeur général de la société Ernest Soulard. "Nous ne sommes pas des barbares", insiste-t-il.
Concernant la vidéo qui justifie les poursuites, le producteur assure que toutes les images n'ont pas été tournées dans son établissement. "On voit un canard avec une conjonctivite et cela peut se produire. Mais on voit aussi un canard avec un œil crevé et là déjà cela me plaît moins", argue-t-il. "Cette image ne vient pas de chez nous. Comme l’image d’un canard avec une aile cassée, chose que l’on ne retrouve pas dans nos bâtiments. Ces images sont falsifiées !", dénonce le dirigeant. Le délit d’acte de cruauté est passible de 30.000 euros d’amende et de deux ans de prison.